Des chercheurs ont montré que le perroquet jaco aidait volontiers ses congénères sans rien attendre en retour, une étude publiée par la revue Current Biology et qui rajoute une pierre à notre compréhension de l’évolution de la coopération chez les animaux.

Il était acquis depuis des décennies que les perroquets et les corbeaux étaient extraordinairement doués pour résoudre des problèmes complexes, au point qu’on les appelle parfois des singes à plumes. Ainsi Alex, perroquet jaco d’Harvard décédé en 2007 après une belle carrière, lors de laquelle il avait acquis un vocabulaire de plus de 100 mots, pouvait reconnaître des couleurs et quantifier des objets jusqu’à six. Mais les scientifiques n’ont jamais réussi à faire aider un corbeau par un autre corbeau. Les chercheurs Auguste von Bayern, de l’Institut d’ornithologie Max Planck à Starnberg, en Allemagne, et Desiree Brucks, de l’université ETH Zurich, ont conçu une expérience pour vérifier si la même chose était vraie pour les perroquets.

Image légendée
Des perroquets jacos, Psittacus erithacus © AFP

Leur expérience s’est déroulée à la station de recherche espagnole de Loro Parque. Ils ont placé des paires de perroquets jacos dans des boîtes mitoyennes reliées par un trou. Chaque boîte avait aussi une fenêtre faisant face aux chercheurs, pouvant être fermée au besoin.

Les perroquets ont vite appris qu’ils pouvaient recevoir une friandise s’ils passaient un jeton à l’humain par la fenêtre. Mais quand la fenêtre d’un des deux perroquets était fermée, ce perroquet passait volontairement ses propres jetons inutilisables à son voisin par le trou les reliant, afin que ce voisin obtienne lui-même plus de friandises. Sept des huit perroquets testés ont agi avec une telle générosité apparente.

D’autres configurations ont permis de démontrer que l’activité de passer des jetons d’un perroquet à l’autre n’était pas considérée comme un jeu. Les perroquets ne passaient le jeton à leur voisin que si cela pouvait l’aider à obtenir des friandises. Comme les humains, les perroquets semblaient favoriser leurs amis, plutôt que de simples connaissances. Les amis recevaient plus de jetons.

Pourquoi ce comportement « prosocial », que d’autres oiseaux (des aras de Coulon), dans la même expérience, n’ont pas reproduit ? Peut-être est-ce lié au fait que les perroquets jacos vivent dans des groupes très larges, allant jusqu’à 1 200 individus, explique Desiree Brucks. Il y a 393 espèces de perroquets recensées dans le monde, et l’équipe voudrait étudier lesquelles coopèrent et comment, afin de tenter de comprendre quelles pressions de l’évolution ont été à l’œuvre.