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© AFP/Archives GREG BAKER

Les prévisions de production d’énergies fossiles en 2030 sont incompatibles avec les objectifs de l’accord de Paris sur le climat : 50 % de trop pour ne pas dépasser 2 °C de réchauffement, 120 % de trop pour le limiter à 1,5°, selon un rapport publié mercredi 20 novembre.

Ces estimations sont le fruit d’un travail inédit de plusieurs organismes de recherche, avec le soutien du Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE). « Ce rapport montre, pour la première fois, l’ampleur de la déconnexion entre les objectifs de l’Accord de Paris, les plans nationaux (de réduction d’émissions) et les politiques de production de charbon, de pétrole et de gaz », indique Michael Lazarus, l’un des principaux auteurs.

Les énergies fossiles représentent toujours 80 % de l’énergie primaire mondiale, tandis que les acteurs du secteur continuent à investir massivement. Elles contribuent à 75 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre qui ne baissent pas.

« Malgré plus de deux décennies de politique climatique, les niveaux de production d’énergies fossiles n’ont jamais été aussi élevés », relève Mans Nilsson, directeur du Stockholm environment institute, l’un des auteurs du rapport.

Pour illustrer le chemin à parcourir, les auteurs du rapport parlent de « production gap », c’est-à-dire du fossé existant entre les prévisions de production et les niveaux compatibles avec un réchauffement limité à 1,5° ou 2 °C. Le « production gap » le plus marqué concerne le charbon : la production prévue en 2030 excède de 150 % le niveau compatible avec l’objectif de 2 °C et de 280 % l’objectif de 1,5 °C. Les prévisions de production de pétrole et de gaz en 2040 dépassent respectivement de 40 et 50 % les niveaux compatibles avec un réchauffement de 2 °C.

À Paris en 2015, les pays se sont engagés à appliquer des plans de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, mais leurs promesses cumulées conduiraient la planète vers une hausse de plus de 3 °C. Aussi, l’accord prévoit qu’ils rehaussent leurs ambitions d’ici fin 2020.

Mais, selon le rapport, les prévisions de production de charbon, de gaz et de pétrole pour 2030 sont également excessives pour remplir les engagements nationaux de 2015 : 17 % de charbon, 10 % de pétrole et 5 % de gaz en trop. Les scientifiques se sont appuyés sur les projections nationales de 10 pays clés : les sept principaux producteurs d’énergies fossiles (Chine, États-Unis, Russie, Inde, Australie, Indonésie et Canada) ainsi que sur l’Allemagne, la Norvège et le Royaume-Uni.