L'année 2024 sera quasi certainement l'année la plus chaude jamais enregistrée et la première avec une hausse de la température moyenne du globe d'1,5°C au-dessus de la période préindustrielle, selon les données de l'observatoire européen Copernicus. Un record qui tire à nouveau la sonnette d'alarme à quelques jours de l’ouverture de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan.

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Des touristes se protègent du soleil sous des parapluies à Ronda lors d'une vague de chaleur, le 9 août 2024 en Espagne © AFP/Archives Jorge Guerrero

"Après 10 mois de l'année 2024, il est désormais quasiment certain que 2024 sera l'année la plus chaude jamais enregistrée et la première année avec plus d'1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels", selon la base de données ERA5 de Copernicus, a commenté jeudi Samantha Burgess, directrice adjointe du service changement climatique (C3S) de Copernicus. Il est même "probable" que le réchauffement ait dépassé 1,55°C durant l'année calendaire, selon Copernicus. "Cela marque une nouvelle étape dans les records de températures mondiales et devrait servir de déclencheur pour rehausser l'ambition à la prochaine conférence sur le changement climatique, la COP29", a souligné Samantha Burgess.

Cette COP, qui s'ouvre le 11 novembre à Bakou en Azerbaïdjan, sera consacrée à la délicate recherche d'un nouvel objectif de financement pour permettre aux pays en développement de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et de s'adapter au changement climatique. Elle se tiendra également dans l'ombre du retour prochain à la présidence américaine de Donald Trump, qui doute de la réalité du changement climatique. "Il ne s'agit pas d'un réchauffement climatique, car à certains moments, la température commence à baisser un peu", a-t-il estimé, en contradiction avec le consensus scientifique.

L'objectif de + 1,5°C largement compromis


Selon Copernicus, le mois d'octobre a été le deuxième plus chaud dans le monde, après octobre 2023, avec une température moyenne de 15,25°C. C'est 1,65°C de plus que les niveaux préindustriels de 1850-1900, avant que l'utilisation massive des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) ne réchauffe fortement l'atmosphère et les océans. C'est aussi le 15e mois sur une période de 16 mois que la température moyenne dépasse 1,5°C de réchauffement.

Ce chiffre symbolique correspond à la limite la plus ambitieuse de l'accord de Paris de 2015, visant à contenir le réchauffement bien en-dessous de 2°C et à poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5°C. Cet accord historique fait toutefois référence à des tendances climatiques de long terme : la moyenne devra rester au-dessus d'1,5°C de réchauffement pendant 20 à 30 ans pour que l'on considère que la limite a été franchie.

Selon les derniers calculs de l'ONU, le monde n'est toutefois pas du tout sur la bonne voie pour respecter cette limite, qui permettrait pourtant d'éviter des effets plus catastrophiques encore du changement climatique comme les sécheresses, canicules ou pluies torrentielles. Les politiques actuelles entraîneraient ainsi un réchauffement "catastrophique" de 3,1°C au cours du siècle, selon le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Et même en intégrant toutes les promesses de faire mieux, la température moyenne mondiale grimperait de 2,6°C.

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Des habitants marchent dans la boue devant des voitures empilées par les inondations à Sedavi, près de Valence, dans l'est de l'Espagne, le 30 octobre 2024 © AFP Manaure Quintero

À la clé, des événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents

Les effets meurtriers du réchauffement ont encore été illustrés dernièrement par les inondations dans le sud de l'Espagne, qui ont fait plus de 200 morts, la très grande majorité dans la région de Valence. "Les calamités climatiques sont notre nouvelle réalité. Et nous ne sommes pas à la hauteur", a souligné jeudi le secrétaire général de l'ONU, António Guterres. "Nous devons nous adapter, dès maintenant", presse-t-il, alors qu'un rapport onusien dénonce une nouvelle fois une insuffisance de fonds publics internationaux alloués aux pays les plus pauvres pour les mesures d'adaptation.

Copernicus note que les précipitations ont été supérieures aux moyennes en octobre dans la péninsule ibérique mais aussi en France, dans le nord de l'Italie ou encore en Norvège. Les scientifiques s'accordent sur le fait que sur la majeure partie de la planète, les précipitations extrêmes sont devenues plus fréquentes et plus intenses en raison du changement climatique. Une atmosphère plus chaude retient plus d’humidité et par ailleurs le réchauffement des océans peut aussi affecter la distribution des précipitations et l'intensité des tempêtes. Copernicus note justement que le mois dernier a été le deuxième octobre le plus chaud pour la température de surface des océans.