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Un village kenyan inondé après une crue de la rivière Tana, le 27 avril 2018 © AFP/Archives ANDREW KASUKU

Plus d’une centaine de millions de personnes extrêmement pauvres sont menacées par l’accélération du réchauffement climatique en Afrique, où les rares glaciers devraient avoir disparu d’ici les années 2040, a indiqué l’ONU mardi.

Dans un rapport sur l’État du climat en Afrique publié à moins de deux semaines de l’ouverture de la COP 26 à Glasgow, l’ONU met en évidence la vulnérabilité disproportionnée de l’Afrique et souligne que le changement climatique a contribué à aggraver l’insécurité alimentaire, la pauvreté et les déplacements de population sur le continent l’an dernier.

« D’ici 2030, on estime que jusqu’à 118 millions de personnes extrêmement pauvres (c’est-à-dire vivant avec moins de 1,90 dollar par jour) seront exposées à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes en Afrique si des mesures adéquates ne sont pas prises », a déclaré la Commissaire à l’économie rurale et à l’agriculture de la Commission de l’Union africaine (UA), Josefa Leonel Correia Sacko, dans l’avant-propos du rapport.

« En Afrique subsaharienne, le changement climatique pourrait entraîner jusqu’à 3 % de baisse supplémentaire du produit intérieur brut d’ici à 2050 », a-t-elle ajouté.

Ce rapport, coordonné par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) de l’ONU, est le fruit d’une collaboration avec la Commission de l’UA, la Commission économique pour l’Afrique et diverses organisations scientifiques internationales et régionales et des Nations unies.

« Au cours de l’année 2020, les indicateurs climatiques en Afrique ont été caractérisés par une augmentation continue des températures, une accélération de l’élévation du niveau de la mer, des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes, tels que les inondations, les glissements de terrain et les sécheresses, et les impacts dévastateurs associés », a expliqué pour sa part le secrétaire général de l’OMM, M. Petteri Taalas, dans l’avant-propos.

« La fonte rapide des derniers glaciers d’Afrique de l’Est, dont on s’attend à ce qu’elle soit totale dans un avenir proche, nous alerte d’un changement imminent et irréversible du système Terre », a-t-il relevé.

L’an dernier, l’Afrique s’est réchauffée plus rapidement que la moyenne mondiale, terres et océans confondus. L’année 2020 se positionne ainsi entre la troisième et la huitième année la plus chaude jamais enregistrée sur le continent, selon le rapport.

La tendance au réchauffement sur 30 ans pour la période 1991-2020 était supérieure à celle de la période 1961-1990 dans toutes les sous-régions africaines et nettement supérieure à celle de la période 1931-1960.

Les taux d’élévation du niveau de la mer le long des côtes tropicales et de l’Atlantique Sud ainsi que de l’océan Indien sont pour leur part plus élevés que le taux moyen mondial.

Quant aux glaciers africains - bien que trop petits pour servir de réservoirs d’eau importants, ils ont une importance touristique et scientifique de premier plan - leur taux de recul actuel est supérieur à la moyenne mondiale. Selon l’OMM, si cette tendance se poursuit, « elle conduira à une déglaciation totale d’ici les années 2040 ». 

Seules trois montagnes en Afrique sont couvertes de glaciers: le massif du mont Kenya (Kenya), les monts Rwenzori (Ouganda) et le mont Kilimandjaro (Tanzanie).

Pour se préparer à l’intensification des phénomènes climatiques dangereux à fort impact, l’OMM appelle l’Afrique à investir dans les infrastructures hydrométéorologiques et les systèmes d’alerte précoce.

L’organisation estime que la mise en oeuvre rapide de stratégies d’adaptation en Afrique stimulera le développement économique et générera davantage d’emplois pour soutenir la reprise économique après la pandémie de Covid-19, et appelle à favoriser une « relance durable et verte » du continent.

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Des arbres vaincus par la montée du niveau de la mer due au réchauffement climatique, sur le littoral sénégalais le 7 mai 2013 © AFP/Archives SEYLLOU