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Glacier de Sarenne (Isère), amené à disparaître dans les cinq prochaines années©Wikimedia

10 % des terres émergées sont recouvertes de glaciers et le réchauffement climatique les impacte tout particulièrement. Leur surface se réduit et beaucoup disparaitront d’ici quelques décennies. Cette vulnérabilité en fait l’un des indicateurs les plus marquant de l’évolution du climat.

Pour la première fois à une échelle globale, une étude réalisée par Irstea et l’Ird et publiée dans Nature, Ecology & Evolution le 27 novembre, analyse les conséquences du retrait des glaciers sur les écosystèmes et la biodiversité.

Cette méta-analyse montre que la biodiversité autour des glaciers devrait augmenter du fait de la fonte, mais celle-ci se ferait au détriment des espèces spécialistes des milieux glaciaires.

Les écosystèmes qui de développent à proximité des glaciers offrent une biodiversité faible. Constitués d’espèces uniques adaptées à ces milieux extrêmes, ils sont particulièrement sensibles au changement climatique. Jusqu’à présent mal connus, ils n’ont été étudiés qu’à des échelles locales.

S’appuyant sur 234 publications et en compilant plus de 2100 observations, les auteurs Sophie Cauvy-Fraunié (Irstea) et Olivier Dangles (IRD) ont comparé les effets de la fonte des glaciers sur trois principaux écosystèmes de proximité : les fjords (milieux marins), l’eau douce (rivières et lacs glaciaires) et les marges pro-glaciaires (milieux terrestres).
 

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Différents processus écologiques dans les trois écosystèmes influencés par les glaciers : les flèches rouges et bleues représentent les effets négatifs et positifs de l’influence glaciaire sur les êtres vivants. © S. Cauvy-Fraunié et O. Dangles, Nature Ecology & Evolution.

De nombreuses espèces « perdantes »

Résultats : 6 à 11 % des populations étudiées pourraient être affecté principalement des invertébrés et des organismes unicellulaires en particulier dans les fjords, tel que le foraminifère Cassidulina reniforme dans les fjords, l’arthropode Diamesa davisi en eau douce ou le coléoptère Nebria nivalis .

Ces espèces spécialistes, particulièrement bien adaptées aux conditions extrêmes de leur milieu sont en revanche vulnérables et sensibles au changement d’environnement ainsi qu’à la proximité de nouvelles espèces.

En effet, selon l’étude, des espèces généralistes installées plus en aval, parfois invasives peuvent proliférer et coloniser ces milieux émergents qui leur sont dorénavant plus favorables. Annélides, arthropodes des milieux aquatiques, plantes vasculaires, mousses, champignons se développent par exemple dans les marges pro-glaciaires.

Si à l’échelle locale à proximité des glaciers la biodiversité tend à augmenter, à une échelle régionale et globale, c’est le risque d’une homogénéisation avec un appauvrissement des espèces qu’il faut craindre.

Pour en savoir plus et mieux comprendre les phénomènes complexes qui influencent les écosystèmes proches des glaciers, l’Irstea scrute actuellement l’évolution de la biodiversité aquatique autour des glaciers de Sarenne en Isère et Carihuairazo en Equateur, deux glaciers amenés à disparaître d’ici 5 ans.

Le projet Life Without Ice (Irstea-IRD) qui débute en 2020, lui aura pour objectif de documenter à l’échelle mondiale avec une approche multidisciplinaire (géophysiciens, écologues, philosophes), les conséquences de la disparition des glaciers.