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Une salle de classe désinfectée à Rmeileh, à 35 km au sud de Beyrouth, le 2 mars 2020 © AFP/Archives Mahmoud Zayyat

300 millions d’élèves sans classe

Près de 300 millions d’élèves dans le monde privés de classe, fermeture de la basilique de Bethléem, mesures de confinement : l’épidémie de Covid-19 affole la planète et pèse sur l’économie mondiale, notamment le transport aérien. L’Italie, premier foyer européen, qui a passé mercredi la barre des cent morts (107 morts pour 3 089 cas), a fermé toutes les écoles et universités à partir de jeudi et jusqu’au 15 mars. 

Trois premiers morts ont été annoncés en Irak et un en Suisse. En Corée du Sud, deuxième plus gros foyer de contaminations après la Chine (6 088 cas, dont 35 décès), les vacances ont été prolongées de trois semaines dans les écoles et les crèches. L’Inde a par ailleurs annoncé jeudi que les écoles primaires de New Delhi seront fermées jusqu’au 31 mars. Du fait de l’épidémie, 13 pays au moins ont été contraints de fermer toutes leurs écoles, affectant plus de 290 millions d’élèves dans le monde, selon l’Unesco, qui parle d’un « chiffre sans précédent ».

L’organisation de l’Onu pour l’éducation et la culture rappelle qu’il y a tout juste deux semaines la Chine, où le virus est apparu en décembre, était l’unique pays à avoir fermé ses écoles. En Iran, où les autorités ont signalé 15 nouveaux décès (107 morts au total, 2 922 cas), les établissements scolaires ont également été fermés pour un mois, les événements culturels et sportifs suspendus et les heures de travail réduites dans les administrations.

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Carte du monde montrant les pays qui ferment leurs écoles dans le but de contenir l’épidémie de coronavirus © AFP Riwan Marhic

Mesures de confinement

Le Japon a décrété un confinement pour toute personne arrivant de Chine et de Corée du Sud, tandis que l’Australie interdit l’entrée des étrangers ayant récemment séjourné en Corée du Sud. Trente-six pays ont déjà imposé une interdiction totale d’entrée sur leur territoire aux personnes arrivant de Corée du Sud, selon le ministère sud-coréen des Affaires étrangères. Et vingt-deux autres ont pris des mesures de quarantaine. Tokyo a aussi annoncé le report d’une visite du président chinois Xi Jinping prévue au printemps.

La Chine a franchi la barre des 3 000 morts avec 31 nouveaux décès enregistrés. Et le pays craint à présent de nouvelles contaminations d’individus de retour de l’étranger. Shanghai a fait état jeudi du cas d’un étudiant chinois rentré lundi d’Iran et infecté par le virus. La quarantaine à laquelle Wuhan et sa province – épicentre de l’épidémie – sont soumises depuis fin janvier, ainsi que la limitation des voyages dans le pays, semblent porter leurs fruits : le nombre de nouveaux décès est à la baisse ces dernières semaines et plus de 50 000 personnes ont été guéries. 

Matériel sanitaire 

L’épidémie affecte dorénavant tous les continents (sauf l’Antarctique) et perturbe la vie quotidienne dans un nombre croissant de pays. En quelques semaines, les masques, gels désinfectants, gants ou combinaisons de protection sont devenus des denrées rares dans de nombreux pays.

En Corée du Sud, le Premier ministre a annoncé que l’exportation de masques serait interdite à compter de vendredi et que le personnel médical et les travailleurs employés à la désinfection seraient prioritaires. La Russie et l’Allemagne ont interdit mercredi l’exportation de matériel médical de protection. La France, qui a réquisitionné les stocks et la production des masques, souhaite à présent limiter à 3 euros les 100 ml le prix des gels hydroalcooliques, qui a grimpé en flèche. En Australie, le papier toilette est désormais rationné dans certains supermarchés après une ruée de clients paniqués. Un tabloïd local s’en amuse : il a publié jeudi un cahier spécial détachable de huit pages blanches destiné à ses lecteurs qui viendraient à manquer.

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Une femme achète du gel désinfectant pour les mains à Bangkok le 5 mars 2020 © AFP Lillian Suwanrumpha

Économie freinée

Revers de la médaille, les mesures drastiques de confinement paralysent l’économie du géant asiatique et menacent par ricochet la croissance mondiale. Sans pouvoir encore évaluer précisément les répercussions sur l’économie du coronavirus, le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé que la croissance mondiale serait en 2020 « inférieure » à celle de 2019. Victime collatérale du virus : la compagnie aérienne britannique Flybe a annoncé jeudi cesser ses activités « avec effet immédiat », plombée par une chute brutale du trafic aérien dans le monde. Placée en redressement judiciaire, la compagnie emploie quelque 2 000 salariés. Au total, les compagnies aériennes mondiales pourraient perdre jusqu’à 113 milliards de dollars de revenus, une crise « presque sans précédent », a estimé jeudi l’Association internationale du transport aérien.

Coronavirus aux États-Unis

Aux États-Unis, où 11 morts ont été recensés, le Congrès a accepté de débloquer un budget de plus de 8 milliards de dollars pour endiguer l’épidémie. La Californie a déclaré l’état d’urgence et un bateau de croisière, le Grand Princess, a été maintenu au large après la découverte d’une vingtaine de cas suspects parmi les quelques 2 500 passagers et membres d’équipage. Le paquebot, qui se dirige vers San Francisco, appartient à la même compagnie que le Diamond Princess, le navire resté au large du Japon le mois dernier avec un total de 700 contaminations, dont six mortelles.

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Des agents de propreté désinfectent une rue de Téhéran le 5 mars 2020 © AFP STR

L’économie européenne affectée

L’onde de choc commence à secouer l’activité automobile en Europe. Les immatriculations de voitures neuves ont reculé de 11 % en février en Allemagne, premier marché européen, et les commandes de 19 %, selon les chiffres des constructeurs. Le nouveau coronavirus affecte dorénavant tous les continents (sauf l’Antarctique). Face au danger, les autorités annulent ou reportent tout événement ou rassemblement susceptible de propager la maladie. À Londres, les producteurs du nouveau James Bond, No time to die (« Mourir peut attendre ») ont annoncé le report de sa sortie mondiale à novembre.

Des rassemblements interdits

Les compétitions sportives sont également affectées : en Italie, toutes les rencontres, y compris les matches de football, devront se tenir à huis clos jusqu’au 3 avril. Le sort de deux événements sportifs majeurs est en suspens : l’Euro de football (12 juin-12 juillet) et les Jeux olympiques de Tokyo (24 juillet-9 août).

Enfin, les rassemblements religieux n’échappent pas non plus aux mesures de prévention. L’Arabie Saoudite a décidé de suspendre « temporairement » la Omra, le pèlerinage musulman entrepris tout au long de l’année. En France, le sanctuaire de Lourdes, qui attire chaque année des millions de pèlerins catholiques, a annoncé qu’il fermait ses piscines, les bassins sacrés où environ 350 000 personnes s’immergent chaque année.