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Le kea, joyeux perroquet de Nouvelle-Zélande, participe à une expérience sur les probabilités © Amalia Bastos/Université d’Auckland

Le kea (Nestor notabilis), un perroquet de Nouvelle-Zélande connu pour son caractère joueur et espiègle, révèle une facette insoupçonnée de sa personnalité. Il se montre doué en statistiques ! C’est ce que dévoile une étude parue le 3 mars dans la revue Nature communication.

La faculté de faire des choix opportuns selon son environnement ou ses expériences pour satisfaire ses besoins essentiels comme se nourrir représente un gain de temps et d’énergie pour les Hommes comme pour les animaux. Amalia Bastos et Alex Taylor, deux chercheurs de l’université d’Auckland (Nouvelle-Zélande), ont souhaité vérifier cette aptitude avec le kea connu pour son intelligence.

En se référant à des études antérieures réalisées avec des primates et chez l’humain, ils ont mis au point une série d’expériences pour tester sa capacité à effectuer des choix selon les probabilités d’un événement.

Six keas ont donc été entraînés à associer la couleur noire à une récompense – en l’occurrence de la nourriture – et la couleur orange à son absence. Puis trois expériences ont été menées.

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Représentation proportionnelle des jetons dans les bocaux. Les rectangles oranges représentent les jetons n’offrant pas de récompense au kea, contrairement aux rectangles noirs (jetons noirs) a – c : les fréquences des jetons pour les conditions 1, 2 et 3 de l’expérience 1

Dans la première, face à l’oiseau, les expérimentatrices plongent les mains dans deux bocaux transparents contenant des jetons noirs et oranges, pour en prendre un tout en le cachant. L’un des bocaux contient plus de jetons noirs que l’autre. L’oiseau ne s’y trompe pas : il tape du bec – comme on le lui a appris – le poing fermé de la main qui a pioché dans le bocal à dominante de jetons noirs. Pour les chercheurs, pas de doute : le kea fait ce choix en fonction de la probabilité qu’il a de satisfaire sa gourmandise.

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Expériences 2 et 3 d – e : les fréquences des jetons pour l’expérience 2, les lignes bleues représentant une barrière physique. f : Les fréquences des jetons lors du test de l’expérience 3 (même proportion de jetons oranges que de noirs dans les pots)

La seconde expérience est un peu plus complexe. Les bocaux sont séparés en deux par une barrière physique. L’expérimentateur ne peut donc pas accéder au fond du bocal. Mais l’oiseau ne se laisse pas prendre à l’astuce et désigne la main ayant pioché dans le pot où elle avait le plus de chances de choisir un jeton noir accessible.

La troisième expérience s’appuie sur les compétences sociales particulièrement développées de cet oiseau qui vit en groupe. L’un des deux expérimentateurs ayant pris des jetons dans les pots a choisi délibérément – sans s’en cacher – un jeton noir. Plus tard, de façon surprenante, le kea s’est souvenu de la personne en question. 

Deviner des événements en utilisant des probabilités et se souvenir d’informations concernant des individus afin de faire des prédictions étaient jusqu’alors l’apanage des grands singes et des êtres humains. Selon les auteurs de l’étude, c’est la première fois que ces capacités cognitives sont établies chez d’autres animaux.