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Des chercheurs étudient des échantillons du virus pour détecter des variants, au laboratoire de l’hôpital de la Croix Rousse, à Lyon © AFP J. Pachoud

Le « mutant » britannique, retrouvé aujourd’hui dans 1,3 % à 1,4 % des tests positifs à la Covid-19, devrait dominer dans deux à trois mois en France : « C’est une bascule inéluctable », explique le Professeur Bruno Lina, qui coordonne au niveau national la cartographie de sa circulation. « Toutes les mesures que l’on prendra ne feront pas disparaître le mutant britannique qui va se substituer au virus actuel », poursuit le professeur de virologie au CHU de Lyon, directeur du Centre national de référence des virus infectieux respiratoires à l’hôpital de la Croix Rousse et chercheur au Centre international de recherche en infectiologie (CIRI).

« C’est une bascule inéluctable. L’important, c’est que ça se passe sans coût pour la santé publique. En poursuivant les gestes barrière, les masques, la distanciation et la vaccination, en premier lieu des plus fragiles, cela réduira sa dynamique », relève-t-il. En se montrant relativement rassurant : « Ce sera de la gestion de l’épidémie ». « Plutôt que de variant, je préfère parler de mutant britannique, même si le mot peut faire un peu peur. C’est en quelque sorte un clone », remarque le Pr Lina qui traque ce nouveau venu de Grande-Bretagne où il flambe depuis quelques semaines.

« Notre dernière enquête flash qui porte sur tous les tests PCR positifs à la Covid-19 des 6 et 7 janvier montre, en données consolidées, que 1,3 % à 1,4 % des virus circulant en France sont porteurs du mutant britannique », dévoile le virologue, également membre du Conseil scientifique du gouvernement. « Ça va peut-être bouger encore un peu, mais à la marge. Il y a peut-être une surestimation de la circulation car certaines détections du variant ont été faites dans un contexte de cluster avec plusieurs dizaines de cas, relève-t-il. On note aussi des disparités régionales ».

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Le professeur Bruno Lina au laboratoire de l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon © AFP J. Pachoud

« Il ne faut pas imaginer que parce qu’on en a trouvé 1,4 % début janvier, on va en retrouver 30 % fin janvier. Ce serait très inquiétant. Mais c’est très peu probable », estime le Pr Lina. « Et si jamais ça arrive, c’est qu’à un moment donné, on a raté le contrôle de la circulation de ce virus ». Outre-Manche, la mutation a mis deux à trois mois à monter en puissance. « Légitimement, on peut penser que l’expansion du virus prendra le même temps en France. Si on ne fait rien ».

Une chose est sûre : « Ce virus est là. Il circule et va inexorablement augmenter par rapport aux autres virus. Ce n’est pas la présence de ce variant qui explique la reprise épidémique. C’est très clair, celle que l’on voit aujourd’hui n’est pas due à ce 1,4 % des virus détectés ». Et le virus britannique « n’est ni plus dangereux, ni plus pathogène, mais il est plus transmissible », rappelle-t-il. 

Vers une remise en cause des vaccins ?

Une mutation du virus peut-elle remettre en cause l’efficacité des vaccins anti-Covid-19 ? Cela ne semble pas être le cas avec le variant britannique, qui n’est « pas un variant antigénique mais un variant de comportement ». En revanche, « avec les variants sud-africain et brésilien, retrouvés aussi au Japon, il y a un signal comme quoi l’immunité ne protègerait pas parfaitement. Cela voudrait dire que l’efficacité des vaccins actuels pourrait être moins bonne ».

Mais, rassure le Pr Lina, « les vaccins à ARN messager sont faciles à faire évoluer rapidement, en quelques semaines ». Dans ce cas, il suffirait « d’une vaccination complémentaire pour le nouveau variant, avec une seule dose pour des personnes déjà vaccinées. On a de la ressource ».