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Administration d'une troisième dose de vaccin anti-Covid à une personne âgée le 13 septembre 2021 à Paris © AFP/Archives Thomas Coex

Alors que l’épidémie de Covid-19 rebondit, Emmanuel Macron devrait faire des annonces mardi soir sur la troisième dose de vaccin, que des scientifiques appellent d’ores et déjà à généraliser, et qui est encouragée par plusieurs pays.

Une troisième dose pour qui ?

Pour le moment sont éligibles les résidents des Ehpad, les personnes de plus de 65 ans, les personnes à très haut risque de forme grave (présentant des comorbidités, immunodéprimées...). Depuis début octobre sont aussi concernés les professionnels de santé, les salariés du secteur de la santé et du secteur médico-social, les professionnels du transport sanitaire et les pompiers, les proches (de plus de 18 ans) de personnes immunodéprimées.

La dose de rappel doit être administrée 6 mois après la dernière injection de vaccin. Ceux ayant reçu une dose du vaccin Jansen peuvent également recevoir une dose de rappel, avec le sérum Pfizer-BioNTech, au moins quatre semaines après leur dernière injection. À ce stade, 3,4 millions des 7,7 millions de personnes éligibles ont été revaccinées.

Quel est l’intérêt de cette troisième dose ?

Elle doit « booster » l’efficacité des vaccins contre l’infection au variant Delta, qui semble s’émousser avec le temps. Du point de vue scientifique, un consensus existe autour de cette dose de rappel pour les personnes dites « immunodéprimées », c’est-à-dire au système immunitaire affaibli (par un cancer ou une greffe d’organe, par exemple). Des études ont montré que malgré la vaccination, leur organisme ne produisait pas suffisamment d’anticorps (principal critère pour évaluer l’efficacité des vaccins). Même si on a moins de données, le raisonnement est identique pour les personnes âgées, dont le système immunitaire est rendu moins efficace par le vieillissement. Parmi les annonces attendues mardi soir, Emmanuel Macron pourrait conditionner le maintien du pass sanitaire à la dose de rappel pour les plus de 65 ans, une manière de pousser les plus fragiles à franchir le pas.

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Nombre d'injections quotidiennes de doses de rappel de vaccins contre le nouveau coronavirus en France et moyenne sur sept jours glissants, nombre de rendez-vous quotidiens sur la plateforme Doctolib pour une dose de rappel © AFP

Faut-il étendre la troisième dose à toute la population ?

Début octobre, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a donné son aval à l’administration d’une troisième dose de Pfizer aux plus de 18 ans. Mais « il n’y a pas d’éléments encore très convaincants sur le plan scientifique pour recommander une troisième dose à toute la population éligible », indique l’épidémiologiste Antoine Flahault.

Dans un avis lundi soir, la Haute autorité de santé (HAS) estime qu’il n’y a « pas lieu pour le moment de modifier ses recommandations quant à la pertinence d’un rappel en population générale, même s’il est probable que celui-ci soit nécessaire ultérieurement ». Plusieurs scientifiques le jugent déjà nécessaire. Mardi matin sur France Inter, Karine Lacombe, cheffe du service maladies infectieuses à l’hôpital parisien Saint-Antoine, a dit attendre un « geste fort envers la troisième dose au-delà des seules catégories à risque ». Sur CNews, l’infectiologue Benjamin Davido espère aussi qu’Emmanuel Macron aura « le courage d’expliquer qu’il faut une nouvelle dose de rappel ». « Le problème, ce n’est pas un problème d’âge en réalité. C’est qu’au bout de six à sept mois, les anticorps baissent », a-t-il dit, jugeant que « ce boost d’immunité permettrait clairement l’arrêt de contaminations entre vaccinés ».

Qu’ont fait les autres pays ?

Israël est le premier pays à avoir généralisé fin août la troisième dose à toute la population éligible (à partir de 12 ans). De nombreux pays européens en préconisent une troisième pour les personnes âgées et les personnes vulnérables. Au Royaume-Uni, le gouvernement encourage les plus de 50 ans à recevoir une dose de rappel. En Allemagne, face à l’intense reprise de la pandémie dans le pays, le gouvernement et les régions ont aussi plaidé vendredi pour une généralisation de la troisième dose. En Islande, le chef épidémiologiste du pays a lancé un appel la semaine dernière à l’injection d’une troisième dose pour toutes les personnes de plus de 16 ans entièrement vaccinées « depuis environ six mois ». Fin octobre, le vice-ministre de la Santé italien avait indiqué que la troisième dose serait sans doute ouverte à tous à partir de janvier. Quelques jours auparavant, le Danemark, qui va réintroduire le pass sanitaire à cause de la forte remontée du nombre de cas de Covid-19, annonçait également son intention de proposer à tous une troisième dose de vaccin.