Thomas Pesquet en forme, après six mois en orbite
Publié le - par LeBlob.fr avec l’AFP
L’astronaute français Thomas Pesquet est revenu en bonne forme hier de sa deuxième mission spatiale, qui s’est conclue par un amerrissage réussi au large des côtes de Floride et un retour direct en Europe, où l’attend une longue période de réadaptation à la gravité terrestre. « Ça va très bien ! », a déclaré mardi soir l’astronaute à son arrivée à Cologne, en Allemagne, visiblement bien remis son amerrissage à l’aube au large des côtes de Floride.
De l’avion médicalisé de l’Armée française qui le ramenait des États-Unis, il est sorti en marchant, seul, avant d’apparaître tout sourire devant quelques fans venus l’applaudir sur le tarmac de l’aéroport de Cologne, où se trouve le Centre européen des astronautes. Il a confié se sentir « encore un peu lourd », après six mois passés en apesanteur, à 400 km au-dessus de la Terre. « Là, je ne pourrais pas courir un 100 mètres », a-t-il déclaré aux journalistes sur place.
L’astronaute de 43 ans, qui vient de terminer la deuxième mission de sa carrière, a vécu un voyage de retour « moins dur » que la première fois, en 2017 dans les steppes du Kazakhstan. « Je suis plus en forme qu’à la même étape il y quatre ans », a confié Thomas Pesquet, pour qui l’amerrissage était une première.
Huit heures après son désamarrage de la Station spatiale internationale (ISS) lundi soir, la capsule Dragon de SpaceX, qui transportait trois autres astronautes (deux Américains et un Japonais), a opéré une vertigineuse descente vers la Terre, freinée par l’atmosphère puis par d’immenses parachutes. Bien que mouvementée, l’expérience fut « un peu plus douce sur Terre avec les parachutes, ce n’était que du plaisir et vraiment spectaculaire », a-t-il raconté.
Aussitôt arrivés en mer, les astronautes ont été extraits un par un de leur capsule, et placés sur un brancard. Ce qui l’a frappé en premier ? « L’odeur des personnes qui venaient nous récupérer : ils sentaient bon la lessive et le savon, ce qui veut dire que nous, on ne sentait pas forcément très bon... », a plaisanté l’astronaute.
Son équipage de « Crew 2 » a été hélitreuillé vers la terre ferme pour être transporté vers le Centre spatial de la Nasa à Houston, où le Français a fait une brève halte avant de s’envoler pour l’Europe. Il raconte avoir dormi et récupéré lors de ce vol. « On se réhabitue très vite » à la gravité, « on est vraiment des animaux terrestres faits pour vivre ici », a-t-il observé.
Pour cette deuxième mission, baptisée Alpha, l’astronaute préféré des Français a passé 199 jours en apesanteur, au cours desquels il a mené plus de 200 expériences scientifiques. Il a cumulé « 400 jours dans l’ISS, 40 heures de sorties extravéhiculaires », a souligné auprès de l’AFP Joesf Aschbacher, directeur général de l’Agence spatiale européenne (Esa), qui a recruté Thomas Pesquet en 2009. Le patron de l’Agence a salué « l’immense succès » de cette mission, tant sur le plan scientifique qu’en termes de communication. On est sur un carton plein ! Je ne peux que souligner l’impact médiatique positif que sa mission a eu sur les jeunes », s’est réjoui Philippe Willekens, directeur de la communication de l’Esa.
Avec ses nombreuses photos de la Terre prises depuis la coupole d’observation de l’ISS, largement partagées sur les réseaux sociaux, Thomas Pesquet « a éveillé en nous cette part de rêve, de poésie et d’inaltérable optimisme qui font partie de l’aventure spatiale », s’est félicité Philippe Baptiste, le président du Cnes (l’agence spatiale française) qui a suivi près de la moitié des expériences opérées en orbite.
Les premières envies de l’astronaute ? « Une bonne douche, des nourritures terrestres, une bonne nuit dans un bon lit... et des vacances ». Mais l’astronaute devra d’abord suivre un programme de trois semaines de réhabilitation physique à Cologne. Il y subira aussi des prélèvements scientifiques afin de contribuer à la collecte de données sur l’effet de la micro-gravité sur le corps humain.
Et après ? « Il faut se retrouver un challenge. Je connais beaucoup d’astronautes, j’en fais peut-être partie, qui quand ils partent se disent, c’est la dernière fois, et au bout de six mois ils ont envie de repartir ». L’astronaute ne cache pas ses ambitions futures pour la Lune. « C’est vrai qu’il n’y a jamais eu d’Européen, mais le plus enthousiasmant, ce ne serait pas seulement d’y retourner pour planter un drapeau mais d’y aller pour des raisons scientifiques. On est là pour être des explorateurs ».
A l’Esa, la décision sur le prochain Européen à orbiter autour de la Lune, voire à fouler son sol, n’est pas encore prise. Mais fort de son expérience, Thomas Pesquet « coche toutes les cases pour remplir un des trois sièges garantis auprès de la Nasa pour la Lune », a commenté sur France 5 l’astronaute français Jean-François Clervoy, vétéran de trois missions spatiales.