Un peu pour eux, beaucoup pour les autres : vacciner les ados contre le Covid-19 présente surtout un avantage collectif, limiter au maximum la circulation du virus, ont expliqué les spécialistes jeudi, au lendemain de l'annonce de cette mesure par Emmanuel Macron.

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Vacciner les ados contre le Covid-19 présente surtout un avantage collectif : limiter au maximum la circulation du virus © AFP/Archives Fred Tanneau

« Maintenant, l'enjeu est d'augmenter la couverture vaccinale, c'est primordial », a souligné la présidente de la Haute autorité de santé (HAS), Dominique Le Guludec, en détaillant les motifs de cette ouverture aux 12-17 ans à partir du 15 juin.

« Le rôle des ados dans la transmission du virus existe. Il est plus faible que celui des adultes mais il n'est pas nul », a renchéri la présidente de la commission technique des vaccinations à la HAS, Elisabeth Bouvet, lors d'une vidéo-conférence. « Quand on augmentera la couverture vaccinale des adultes, la transmission aura tendance à se passer plus dans les groupes non vaccinés », a-t-elle poursuivi. « Et en cas de circulation de variants plus transmissibles, si on veut éviter un rebond de l'épidémie à l'automne, il faut qu'il y ait une certaine proportion des ados qui soit vaccinée ».

Les ados recevront le vaccin de Pfizer/BioNTech, le premier à avoir obtenu, vendredi dernier, le feu vert pour être utilisé dans l'Union européenne chez les 12-15 ans.

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/ Les adolescents recevront le vaccin de Pfizer/BioNTech © AFP/Archives Joël Saget

Par étapes

Ce vaccin bénéficiait déjà d'une autorisation de mise sur le marché à partir de 16 ans. Mais jusqu'ici, les 16-17 ans ne pouvaient se faire vacciner en France que dans certains cas particuliers (maladies les exposant à un risque élevé de faire une forme grave de Covid ou adolescents vivant dans l'entourage d'une personne immunodéprimée).

Même si la vaccination des ados a avant tout un avantage collectif, « nous considérons qu'il y a également un bénéfice individuel », selon Dominique Le Guludec. Certes, « les adolescents développent peu de formes graves » de la maladie et sont même « rarement symptomatiques », mais 4 000 d'entre eux ont toutefois dû être hospitalisés depuis le début de la pandémie, dont 700 en soins intensifs. Et le bénéfice individuel existe aussi « sur le plan psychologique et social », insiste la HAS, tant « la rupture des interactions sociales directes et de la scolarité en présentiel a eu des effets délétères.

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Calendrier de l'ouverture de la vaccination aux différentes tranches d'âge en France © AFP Simon Malfatto

L'instance préconise une ouverture par étapes de la vaccination des ados. Pour les 12-15 ans, s'il n'y a pas de fragilité particulière ou de personnes vulnérables dans l'entourage, la HAS recommande d'attendre que la vaccination des adultes soit « suffisamment avancée ».

« Signaux d'alerte »

Pour l'instant, 51,5% des plus de 18 ans ont reçu une première dose de vaccin (soit plus de 27 millions de personnes), parmi lesquels 22,3% ont reçu deux injections (11,7 millions de personnes). Parallèlement, le nombre de malades du Covid-19 hospitalisés continue de diminuer : ils étaient 15 283 jeudi contre 17 941 une semaine auparavant. Idem dans les services de réanimation, qui comptent 2 677 patients contre 3 206 une semaine plus tôt.

Mais les autorités mettent en garde contre le relâchement, après avoir observé des « signaux d'alerte », notamment dans le Sud-Ouest. Dans cette région, c'est l'éventualité d'une forte progression du variant Delta qui inquiète. Identifié pour la première fois en Inde en avril 2021, il est considéré comme plus contagieux et capable d'amoindrir l'efficacité des vaccins.

Vacciner le plus largement possible est donc plus que jamais crucial, d'autant que les mesures de restriction seront encore allégées le 9 juin, avec la réouverture des restaurants en intérieur et le recul du couvre-feu à 23h00.

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Centre de vaccination à Garlan (Finistère), le 31 mai 2021 © AFP Fred Tanneau

Pour économiser des millions de doses de vaccin, la HAS a recommandé de détecter, via un test sérologique, les traces d'une infection passée au Covid chez les personnes venues recevoir leur première injection. Si c'est positif, la personne ne recevra qu'une seule dose, qui suffira à la protéger, selon la HAS. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait indiqué dès mercredi qu'il suivrait cet avis.