De nombreux travailleurs exposés à la silice cristalline, cancérogène
Publié le - par le blob, avec l’AFP
Des milliers de travailleurs de la construction et du BTP notamment, en contact avec la silice cristalline, un minéral, sont particulièrement exposés au risque de développer une maladie respiratoire comme le cancer broncho-pulmonaire, selon une étude publiée mercredi par l’Anses.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail « estime entre 23 000 et 30 000 le nombre de travailleurs exposés à des niveaux excédant la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) de 0,1 mg/m3 actuellement en vigueur », avec « l’existence d’un risque sanitaire particulièrement élevé » sur près de 365 000 travailleurs exposés par inhalation à la silice cristalline, en particulier au quartz ».
Ce minéral, « à l’état naturel dans le sable, le granit, la roche, partout à la surface du globe, compte parmi les cinq facteurs cancérogènes auxquels les travailleurs sont les plus exposés en France, dans plus d’une cinquantaine de secteurs d’activité », explique à l’AFP Guillaume Boulanger, de l’unité d’évolution des risques liés à l’air à l’Anses.
« Classé cancérogène depuis 1997 par l’OMS, il vient de l’être au niveau européen », fin 2018, et est « à l’origine de nombreuses maladies respiratoires dont le cancer broncho-pulmonaire », ajoute-t-il.
Outre le lien direct établi entre l’inhalation des poussières de silice cristalline et ce type de cancer, l’étude confirme « le risque de développer une maladie auto-immune comme la sclérodermie systémique, le lupus systémique et la polyarthrite rhumatoïde ».
« Plus de 60 000 travailleurs » seraient également exposés à des « niveaux excédant la VLEP la plus basse proposée au niveau international, établie à 0,025 mg/m3 », selon l’Anses, qui estime que « plus de deux tiers de ces niveaux d’exposition concernent le secteur de la construction, suivi de celui de la fabrication de produits minéraux non métalliques, de la métallurgie et des industries extractives ».
Plans de cuisine
Les cas graves de silicose, réservés pendant des décennies aux mineurs, touchent aujourd’hui aussi bien les travailleurs des industries extractives (minéraux industriels, matériaux de construction, ressources minérales océaniques, minerais et métaux), que ceux de la construction avec un effectif de 170 414 travailleurs exposés à la silice cristalline en 2017 (contre 156 800 en 2010), soit 12,3 % de ceux du secteur.
Suivent les « autres industries manufacturières : réparation et installation de machines et d’équipements (9,3 % en 2017 contre 3,5 % en 2010), la métallurgie et la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique ainsi que d’autres produits minéraux non métalliques (6,8 % contre 5,5 %) ».
En Israël, Espagne, Italie ainsi qu’aux Etats-Unis sont concernés les travailleurs exposés à l’usage de pierres reconstituées (quartz + résine) utilisées pour la fabrication de plans de cuisine ou de revêtements de salles de bain, selon l’étude, qui précise que ces matériaux ne sont pas fabriqués en France mais « importés en tranches ».
La silice industrielle, ainsi que les matières minérales et matériaux contenant de la silice sont utilisés en tant que matière première, additif ou auxiliaire technologique dans « une multitude d’applications (verrerie, fonderie, chimie, caoutchoucs, peintures, construction avec béton, parements funéraires…), une grande variété de produits de consommation courante pouvant être à l’origine d’une exposition de la population générale », ajoute l’Anses.
Cependant, selon M. Boulanger, sont surtout concernés les « bricoleurs, en contact avec des matériaux spécifiques qu’ils poncent ou qui percent du béton » et qui « doivent être sensibilisés à travailler en milieu aéré avec un masque de protection ».
Des tests pratiqués par ailleurs sur la litière pour chat, constituée parfois de granulés contenant de la silice cristalline, « n’ont cependant montré que des niveaux très faibles d’émission de poussières », sans conséquences pour la santé, selon M. Boulanger.
Parmi ses recommandations, l’Anses insiste sur la nécessité de transposer rapidement la récente législation européenne en droit français et de « réviser les VLEP jugées insuffisamment protectrices ».