Il n’est pas rare de voir des publications scientifiques signées par une dizaine de chercheurs ou plus : des organismes de recherche de différentes disciplines peuvent en effet collaborer à une même étude, et plusieurs personnes, du doctorant au chef du laboratoire, prétendre à y apposer leur nom.

Pourtant, ces dernières années, des articles sont apparus signés par plus d’un millier d’auteurs. Le phénomène a fait son apparition en physique des particules et en physique nucléaire, en grande partie sur d’énormes projets de recherche conduits au Cern, le laboratoire européen de physique des particules, en Suisse. Entre 2009 et 2013, 573 manuscrits recensant 1 000 co-auteurs ou plus ont été publiés. En mai 2015, une publication dans Physical Review Letters sur le boson de Higgs, signée cette fois par 5000 chercheurs, a déclenché la polémique (sur les 33 pages de l’article, 24 étaient consacrées à la liste des auteurs).

Depuis, le nombre d’articles signés par plus de mille auteurs a plus que doublé, avec 1 315 occurrences au cours des cinq dernières années. Ils ne sont plus l’apanage de la physique, car l’épidémiologie mondiale et le changement climatique, notamment, sont entrés dans la danse. En 2017, une publication dans la revue médicale The Lancet sur l’indice de masse corporelle dans le monde a impliqué plus d’un millier d’auteurs venus de plus de cent pays.

Ces publications ne sont pas seulement liées à de grands équipements de type Cern, mais à une internationalisation des données. Ainsi, entre 2009 et 2013, un seul manuscrit a été rédigé par des chercheurs de plus de 60 pays. Entre 2014 et 2018, il y en a eu 49, près des deux tiers d’entre eux étant signés par des auteurs de plus de... 80 pays.

Si certains y voient une stratégie pour amplifier l’écho d’une publication – les articles impliquant des auteurs originaires de plusieurs dizaines de pays seraient publiés plus souvent –, d’autres y voient surtout le signe d’une recherche de plus en plus mondialisée.