En pleine canicule, la moitié de la Chine en proie à la sécheresse
Publié le - par LeBlob.fr, avec l’AFP
Températures suffocantes et manque de pluie : une canicule d’ampleur inédite provoque en Chine une sécheresse sur la moitié de son vaste territoire, des montagnes enneigées du Tibet jusqu’aux plages de l’est du pays.
Sur le podium des villes chinoises les plus chaudes ces derniers jours, la municipalité-province de Chongqing (sud-ouest), où habitent 31 millions de personnes, continuait de souffrir jeudi. Alors que le thermomètre affiche 41,9 °C, de nombreux habitants cherchent un peu de fraîcheur dans les centres commerciaux ou le métro. Assis sur des sièges de fortune, certains jouent aux cartes pour passer le temps. D’autres se reposent à même le sol, exténués par la chaleur. Sur les réseaux sociaux, certains pestaient de devoir faire la queue en pleine canicule pour se faire tester, après un rebond épidémique de Covid-19 dans l’immense métropole.
Les vagues de chaleur en plein été ne sont pas inhabituelles en Chine, en particulier dans l’Ouest aride et le Sud du pays. Mais le pays fait face cette année à des conditions météorologiques extrêmes, exacerbées par le réchauffement climatique, selon des scientifiques. Il vit ainsi son été le plus chaud depuis le début de ses relevés météorologiques il y a plus de 60 ans. Une situation inédite par sa durée – plus de 70 jours de fortes chaleurs – mais aussi par son ampleur.
Plusieurs grandes villes ont enregistré les journées les plus chaudes de leur histoire et, par manque de précipitations, de nombreux cours d’eau sont asséchés, à l’image du plus grand fleuve du pays, le Yangtsé.
Ces conditions climatiques mettent en péril les récoltes et fragilisent le réseau électrique, au moment où des millions d’habitants font tourner leur climatisation.
La sécheresse touche désormais à des degrés divers la moitié du territoire chinois, selon une carte diffusée mercredi par le service météorologique national.
Des pans entiers du pays sont concernés, avec notamment une large bande qui englobe la partie sud de la région autonome du Tibet (ouest), très montagneuse, et s’étend vers les régions côtières à l’est, le poumon économique de la Chine. Cette vaste zone, qui compte au total plus de 370 millions d’habitants, suit principalement le tracé du fleuve Yangtsé, source précieuse d’eau potable. Certaines parties du Tibet figurent parmi les zones de sécheresse qualifiée de « grave » ou « exceptionnelle », par la météorologie nationale.
Au Sichuan (sud-ouest), où une localité avait atteint 44 °C mercredi, de fortes pluies ont cependant localement rafraîchi l’atmosphère de cette région montagneuse. Par sécurité, près de 30 000 personnes ont dû être évacuées, a rapporté jeudi la télévision publique CCTV.
La semaine dernière, des inondations soudaines avaient frappé le nord-ouest de la Chine et tué 26 personnes. À l’autre bout du pays, jeudi, le cyclone Ma-on balayait quant à lui le sud de la Chine.
Cette vague de chaleur représente un défi pour l’agriculture, dans un pays qui est déjà en temps normal en déficit de terres cultivables. La sécheresse est notamment problématique pour les cultures de riz et de soja, très gourmandes en eau.
Dans ce contexte, le gouvernement a décidé mercredi de débloquer une enveloppe spéciale de 10 milliards de yuans (près d’1,5 milliard d’euros) pour soutenir les agriculteurs face à la sécheresse, selon CCTV. Cette somme sera principalement affectée à assurer les récoltes de riz à l’automne.
Les autorités de Chongqing se sont, elles, engagées à prendre des mesures d’urgence pour protéger les élevages de porcs, tandis que sur internet, la vidéo d’une agricultrice du Sichuan, en pleurs après la mort de ses poulets due à la canicule et aux coupures de courant, est devenue virale.
L’assèchement des cours d’eau qui alimentent les barrages hydrauliques force également les autorités à rationner localement l’électricité, notamment au Sichuan où les 84 millions d’habitants dépendent à 80 % de cette source d’énergie.