Image légendée
Photo prise le 16 janvier 2022, montrant le panache de cendres au lendemain de l'éruption volcanique aux Tonga, vu depuis la Station spatiale internationale © Nasa/AFP Kayla Barron

La force de l’éruption volcanique aux îles Tonga le 15 janvier a très largement dépassé la puissance de la bombe atomique d’Hiroshima, ont déclaré des scientifiques de la Nasa, tandis que les survivants de cette catastrophe décrivaient lundi un choc qui leur a « secoué le cerveau ». Selon l’observatoire de la Terre de la Nasa, le volcan Hunga Tonga-Hunga Ha'apai a craché un champignon de fumée atteignant 40 kilomètres de haut lors de l’éruption qui a été entendue jusqu’en Alaska, à plus de 9000 km de là, et a déclenché un tsunami.

La Nasa a déclaré que l’éruption était plusieurs centaines de fois plus puissante que la bombe atomique américaine larguée sur la ville japonaise d’Hiroshima en août 1945, dont la puissance était estimée à environ 15 kilotonnes (15000 tonnes) de TNT. « Nous pensons que la quantité d’énergie libérée par l’éruption était équivalente à une quantité de TNT comprise entre 5 et 30 mégatonnes (5 à 30 millions de tonnes) », a déclaré le scientifique de la Nasa Jim Garvin dans la publication parue dimanche soir. L’agence a déclaré que l’éruption avait « anéanti » l’île volcanique située à environ 65 kilomètres au nord de Nuku’alofa, la capitale des Tonga.

Image légendée
Le volcan Hunga Tonga-Hunga Ha'apai le 17 janvier 2015 (en haut) et ce qu’il en reste trois jours après l’éruption du 15 janvier 2022 © Defence Public Affairs/AFP Handout, Mary Lyn Fonua

L’éruption a recouvert d’une couche de cendres toxiques le royaume insulaire qui compte environ 100000 habitants, empoisonnant l’eau potable, détruisant les cultures agricoles et anéantissant complètement au moins deux villages. Elle a également fait au moins trois victimes à Tonga et entraîné la mort par noyade de deux baigneurs au Pérou, dont les côtes ont été frappées par des vagues exceptionnelles à cause de l’éruption.

Une « urgence environnementale » de 90 jours a été annoncée par les autorités péruviennes pour la zone côtière endommagée par le déversement de 6000 barils de pétrole brut il y a une semaine, une marée noire qui continue de s’étendre et désespère les habitants. Aux Tonga, l’ampleur des dégâts reste incertaine, les communications étant toujours interrompues. 

Image légendée
Photo prise le 16 janvier 2022 au lendemain de l’éruption volcanique aux Tonga, montrant un complexe balnéaire détruit dans le district de Hihifo sur l’île de Tongatapu © Matangi Tonga/AFP Mary Lyn Fonua

Le choc « dépasse de loin tout ce que les gens d’ici ont pu connaître », a déclaré à l’AFP la journaliste Mary Lyn Fonua, basée à Nuku’alofa. « L’onde de choc de l’éruption nous a tout simplement secoué le cerveau », a-t-elle ajouté, ajoutant que la couche de fine cendre grise qui recouvre tout rend toujours la vie difficile aux habitants. « Elle s’infiltre partout, explique-t-elle. Cela vous irrite les yeux, vous avez des plaies au coin de la bouche, tout le monde a les ongles noircis. Nous avons l’air d’un tas de crasseux ». 

Les forces de défense japonaises, néo-zélandaises et australiennes ont commencé à livrer des secours d’urgence, notamment de l’eau, tout en maintenant de stricts protocoles contre la Covid-19 pour préserver l’archipel de la pandémie.