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Une raffinerie de pétrole aux Etats-Unis, à la Nouvelle Orléans, en 2018 @Pixabay

Le patron du lobby britannique de l’hydrogène bleu a démissionné, avouant que cette énergie était une façon pour les pétroliers de continuer à produire des énergies fossiles, tout en captant l’argent public.

Chris Jackson, a déclaré qu’il ne pouvait plus soutenir ce projet, comme l’a révélé le quotidien britannique The Guardian. D’après lui, les compagnies pétrolières ont menti sur le coût de production de l’hydrogène à partir des énergies fossiles, et ce, pour gagner de multiples subventions et financements publics.

« Je crois passionnément que je trahirais les générations futures si je restais silencieux sur le fait que l’hydrogène est bleu est, au mieux, une distraction onéreuse, ou au pire, un monopole pour continuer à consommer des énergies fossile qui garantissent que nous échouerons à respecter nos objectifs de décarbonation » a-t-il écrit dans un post sur LinkedIn.

L’industrie pétrolière présentait en effet l’hydrogène bleu comme une manière d’atteindre la neutralité carbone. Peu après la publication du dernier rapport du Giec, la raffinerie Javelina aux Etats-Unis décidait, en réponse, de se convertir pour devenir la première installation de production d’hydrogène bleu « neutre en carbone » de la région.

L’hydrogène bleu ne semble plus vraiment être une solution d’avenir. Un temps présenté comme le carburant le plus respectueux de l’environnement, une étude parue le 12 août dans la revue Energy Science & Engineering contredisait déjà ses promesses.

L’hydrogène « bleu » est une source d’énergie qui implique de produire de l’hydrogène en utilisant le méthane contenu dans le gaz naturel. Elle a longtemps été décrite comme une énergie verte pouvant participer à combattre le réchauffement climatique. On le fabrique de la même manière que l’hydrogène gris, sauf que le CO2 émis est capté. Mais les chercheurs de l’université de Stanford et de Cornell révèlent que son impact serait en réalité bien plus néfaste que celui des énergies fossiles.

L’empreinte carbone de la production d’hydrogène bleu est 20 % plus importante que l’utilisation directe du charbon ou du gaz pour se chauffer, et 60 % plus grande que celle liée au pétrole.

« L’hydrogène bleu semble bien, moderne et semble être une voie d’avenir, mais ce n’est pas le cas », affirme Robert Howarth, l’un des deux auteurs du rapport.

Non seulement l’énergie requise pour le produire est très importante, mais l’hydrogène bleu rejette aussi beaucoup du méthane. Le processus requiert une grande quantité d’énergie pour séparer puis stocker le dioxyde de carbone.

« Toutes les émissions de dioxyde de carbone ne peuvent pas être captées et une partie du dioxyde de carbone est émise lors de la production d’hydrogène bleu », explique le rapport.

La fabrication implique aussi le rejet de méthane, un gaz à effet de serre. « À ce jour, aucune analyse évaluée par des pairs n’a pris en compte les émissions de méthane associées à la production du gaz naturel nécessaire pour générer de l’hydrogène bleu », expliquent les auteurs du rapport.

Le GIEC dans son dernier rapport publié le 9 août 2021 rappelait que le méthane, souvent oublié des décideurs, est pourtant un des grands responsables du réchauffement climatique, juste derrière le CO2.

L’hydrogène dit « vert » est lui renouvelable et véritablement décarboné.