Image légendée
Le 7 janvier 2022, au-dessus du volcan Hunga Tonga-Hunga Haʻapai © © 2022 Planet Labs PBC./AFP Handout

Le volcan sous-marin des îles Tonga, dont l’éruption a provoqué un tsunami à travers le Pacifique et coupé l’archipel du reste du monde, est un édifice colossal situé à fleur d’eau, une configuration géologique malheureuse et très difficile à surveiller. Situé dans la « Ceinture de feu » de l’océan Pacifique, zone où la rencontre des plaques tectoniques provoque une activité sismique élevée, le volcan Hunga Tonga – Hunga Ha'apai mesure environ 20 km de diamètre pour 1800 mètres de haut, essentiellement immergés. Il est « posé » au fond de l’océan mais son cratère principal affleure au ras de l’eau, formant une île inhabitée. 

Tout a commencé fin décembre, quand le volcan est entré en éruption sous l’eau, provoquant « des explosions de plus en plus puissantes liées à l’interaction entre le magma et l’eau de mer », explique à l’AFP Raphaël Grandin, de l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP). La plus grosse s’est produite samedi, formant un panache de 30 km d’altitude qui a atteint la stratosphère. Et s’est rapidement développé en une « ombrelle volcanique » de plusieurs centaines de kilomètres de diamètre au-dessus de la région, dont une partie s’est retrouvée ensevelie sous les cendres, précise l’agence sismique néo-zélandaise.

Surtout, l’éruption a été si puissante qu’elle a provoqué un tsunami généralisé, inondant des côtes des États-Unis jusqu’au Chili ainsi qu’au Japon, et tuant deux personnes au Pérou. En outre, l’onde de choc a été telle que l’explosion a été entendue jusqu’en Alaska, à plus de 9000 km de là. « C’est exceptionnel. À ma connaissance, la dernière explosion audible à cette distance remonte à celle du volcan Krakatoa en Indonésie en 1883, qui avait fait 36 000 morts », souligne Raphaël Grandin.

Que se passe-t-il lors de ces phénomènes, assez rares selon les experts ? La remontée du magma vers la surface libère des gaz qui doivent « pousser » pour se frayer un chemin, créant un phénomène de surpression. La présence d’eau « aggrave la situation car avec la chaleur, elle se transforme en vapeur et se détend, comme dans une cocotte-minute », développe le géophysicien. Toutes les explosions volcaniques sont liées à cette décompression des gaz magmatiques. « Quand ça se passe au fond de la mer, l’eau a tendance à étouffer l’activité. Quand ça se passe à l’air libre, les risques restent localisés. Mais quand ça se passe à fleur d’eau, ce n’est pas de chance, car c’est là que les risques de tsunami sont les plus élevés ».

La cause exacte du raz-de-marée reste cependant à déterminer. De manière moins probable, il pourrait aussi provenir d’un mouvement de masse sous-marin, tel un effondrement de l’édifice volcanique lors de l’éruption, avance Robin Lacassin, également géophysicien à l’IPGP.

L’activité du Hunga Tonga-Hunga Ha'apai est d’autant plus difficile à comprendre qu’elle est sous-marine. Et il est malheureusement « presque impossible de la surveiller ». « Le volcan est susceptible d’éclater davantage dans les prochains jours », s’inquiète le professeur Oliver Nebel, de l’École de la Terre, de l’atmosphère et de l’environnement de l’université de Monash, en Australie. 

La population locale doit prendre ses précautions jusqu’à ce que les cendres se dissipent. Le problème principal résidant dans la pollution des réserves d’eau, elle est invitée à boire de l’eau en bouteille.