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Image tirée d'une vidéo de la Nasa montrant une fuite survenue sur le vaisseau russe Soyouz MS-22 arrimé à la Station spatiale internationale (ISS), le 15 décembre 2022 © NASA/AFP HANDOUT

Les agences spatiales russe et américaine travaillaient jeudi à évaluer la gravité d’une impressionnante fuite survenue la veille sur un vaisseau russe arrimé à la Station spatiale internationale, et qui pourrait avoir été causée par un impact de micrométéorite. Si les membres d’équipage n’ont à aucun moment été mis en danger, cet incident provoquait l’inquiétude concernant le vol retour sur Terre de trois d’entre eux, prévu dans quelques mois à bord du vaisseau concerné. Le vaisseau spatial Soyouz MS-22 est arrimé à la Station spatiale (ISS) depuis qu’il y a amené en septembre les deux cosmonautes russes Sergueï Prokopiev et Dmitri Peteline, ainsi que l’astronaute américain Frank Rubio.

Mercredi, les deux Russes se préparaient à effectuer une sortie spatiale quand un système d’alerte s’est déclenché, indiquant une chute de pression dans le système de refroidissement du vaisseau, selon un communiqué de l’agence spatiale russe Roscosmos. Sur des images retransmises par la Nasa, on pouvait clairement voir un jet de particules blanches s’échapper abondamment dans l’espace – a priori du liquide de refroidissement. « La cause de la fuite pourrait être une micrométéorite », a déclaré jeudi Sergueï Krikaliov, le directeur des vols habités pour Roscosmos, selon une déclaration rapportée par l’agence de presse russe Tass. Le liquide provenait de la partie arrière du véhicule, amarré au segment russe de la station. La fuite s’est ensuite arrêtée d’elle-même. 

La sortie spatiale a été annulée, « afin de laisser du temps pour évaluer le fluide et les impacts potentiels pour l’intégrité du vaisseau Soyouz », a déclaré jeudi la Nasa dans un communiqué. « Les membres d’équipage à bord de la Station spatiale sont en sécurité et n’ont pas été mis en danger durant la fuite », a-t-elle ajouté, précisant plus tard que des inspections de l’extérieur du vaisseau russe allaient être menées en utilisant le bras robotique canadien de l’ISS.

Solutions de secours ?

Les deux cosmonautes russes et l’astronaute américain étaient arrivés dans l’ISS le 21 septembre dernier, à bord d’une fusée russe lancée depuis le Kazakhstan. Ils doivent normalement réutiliser le même vaisseau pour rentrer sur Terre au bout de six mois environ, soit une fin de mission en mars 2023. Si le véhicule n’est plus disponible car endommagé, les solutions de secours possibles, qui n’ont pas été détaillées officiellement, pourraient comporter l’envoi d’un nouveau vaisseau.

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Photo de la Nasa diffusée en novembre 2018 de la Station spatiale internationale (ISS) © NASA/AFP/Archives HO

Quatre autres personnes sont actuellement à bord de l’ISS : la Russe Anna Kikina, les Américains Nicole Mann et Josh Cassada, et le Japonais Koichi Wakata. Tous les quatre font partie de l’équipage de Crew-5, arrivé en octobre dans l’ISS à bord d’un vaisseau de l’entreprise spatiale américaine SpaceX, dont la Nasa loue les services. L’échange consistant à faire voler une cosmonaute russe à bord d’un vaisseau américain, et un astronaute américain à bord d’un vaisseau russe, était prévu de longue date et a été maintenu malgré les fortes tensions entre les deux pays.

L’ISS constitue l’un des rares champs de coopération encore en cours entre Moscou et Washington depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, déclenchée le 24 février, et les sanctions occidentales qui ont suivi. La Station spatiale internationale a été lancée en 1998 à une époque de coopération américano-russe, après la course à l'espace à laquelle les deux pays s'étaient livrés pendant les années de Guerre froide.