Elle mesure seulement 1,5 millimètre mais constitue une grande menace pour la biodiversité : la « fourmi électrique », surnommée ainsi en raison de sa piqûre douloureuse. Elle a été détectée pour la première fois sur le territoire métropolitain français. Wasmannia auropunctata, « fourmi électrique » ou « petite fourmi de feu », originaire d’Amérique du Sud, a été repérée à Toulon par un passionné de fourmis, dans une résidence fermée de bord de mer.

Jusqu’à présent, elle n’avait été observée qu’une fois en Europe, dans la région de Malaga en Espagne. Quand Olivier Blight, chercheur à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie à l’Université d’Avignon l’a formellement identifiée à Toulon, « on avait déjà affaire à une super-colonie, donc on pense qu’elle est là depuis plus d’un an » et a probablement été introduite « lors d’un transport de plantes ». Le chercheur l'a fait placer sur la liste des espèces préoccupantes pour l’Union européenne. Il va également mener une analyse moléculaire pour tenter de déterminer l’origine de son importation en France.

Image légendée
La « fourmi électrique » est surnommée ainsi en raison de sa piqûre douloureuse © DPA/AFP/Archives Nicolas Armer

Sa piqûre provoque « une sensation d’ortie, en plus fort et plus long, puisque ça dure 2-3 heures », et avec cette arme redoutable la fourmi électrique peut anéantir des insectes, provoquer la cécité d’autres animaux, et les faire fuir durablement. En Nouvelle-Calédonie, « dans les forêts qu’elle a envahies, on n’entend plus aucun son d’insecte ». Chez l’homme, outre des piqûres douloureuses, la fourmi électrique peut provoquer des chocs anaphylactiques parmi les personnes allergiques.

Wasmannia auropunctata est extrêmement envahissante, même si elle se déplace lentement, car elle cumule « un système de reproduction classique sexuée et une production de reines et de mâles par clonage », explique Olivier Blight. « Sa force c’est son nombre », insiste le chercheur. Dans les régions qu’elle a envahies, « son éradication a des coûts énormes ». Ainsi, dans le Queensland, en Australie, qu’elle a colonisé depuis 2006, 30 millions de dollars ont déjà été dédiés à la lutte contre cette espèce.

Après avoir déclaré sa présence aux autorités début septembre, le chercheur souhaite « communiquer au maximum pour sensibiliser le grand public », notamment pour accéder aux résidences voisines du premier foyer détecté. Il compare la stratégie à mettre en place à celle élaborée par les autorités avec les moustiques-tigres. Les États membres de l’Union européenne dispose de 3 mois à partir de la détection d’une espèce envahissante, pour établir un plan d’éradication, rappelle M. Blight.