Véritable succès commercial, la puff suscite toutefois des inquiétudes sanitaires et écologiques. Elle sera au cœur du prochain congrès annuel des buralistes. Cette cigarette électronique jetable cible les jeunes avec ses saveurs enfantines, sucrées ou fruitées — « marshmallow », « ice candy », « choco noisette »… — ses emballages aux couleurs vives évoquant des friandises et son petit prix allant de 8 à 12 euros pour 500 bouffées. « De plus en plus populaire sur les réseaux sociaux, elle a une image plutôt positive et inoffensive auprès des jeunes », alors qu’elle peut contenir jusqu’à 20 mg/ml de nicotine, s’alarme l’Alliance contre le tabac.

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Des boîtes de puffs, cigarettes électroniques jetables, en vente dans un magasin à Béthune © AFP/Archives Denis Charlet

La firme EliquidAndCo, qui distribue la Vape Pen French Puff « saveur tabac blond », ne se cache pas de faire découvrir à des jeunes « le goût et le geste de la cigarette » avec comme argument commercial : « vous aurez vraiment l’impression de fumer comme avec une cigarette de tabac », a souligné l’association 60 millions de consommateurs. Les ventes de puff — aussi commercialisées sur internet ou dans des vapostores — représentent déjà, pour certains buralistes, la moitié de l’activité générée par la cigarette électronique : celle-ci leur amène 140 millions d’euros sur 3,6 milliards de chiffre d’affaires brut annuel.

La Confédération des buralistes se réjouit du « dynamisme des ventes de ce nouveau produit », a déclaré son président Philippe Coy. Mais elle déplore « le marketing fait autour de la puff, avec un ciblage bien déterminé sur une population jeune » souligne-t-il. « Cela nous met dans une situation très délicate : des influenceurs ont communiqué sur TikTok, cela a créé une demande que l’on doit refuser, ce qui est assez compliqué pour nous au quotidien », rapporte-t-il. Au printemps, le ministère de la Santé avait adressé un signalement au Parquet, au vu de la « forte promotion » de la puff sur « des réseaux sociaux fréquentés majoritairement par des jeunes ».

Respecter l’interdiction de vente aux mineurs sur les quatre produits commercialisés par les buralistes (tabac, cigarette électronique, alcool et jeux d’argent) fait partie de « l’engagement » d’une profession qui pourrait aussi se voir confier « demain, de nouvelles gammes de produits dits sensibles », estime M. Coy. Les quelque 23 500 buralistes du territoire sont souvent épinglés sur le sujet : fin 2021, le Comité national contre le tabagisme (CNCT) affirmait, après une enquête « clients mystères » avec des jeunes de 17 ans, que six sur dix enfreignaient l’interdiction de vente de tabac aux mineurs.

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Les ventes des produits du tabac se sont effritées de 1,2% en 2021 à 21,6 milliards d'euros © AFP/Archives Loic Venance

La puff pose également un problème environnemental : ce « produit plastique jetable, avec une batterie » au lithium, est un « déchet qu’on commence à retrouver sur les plages », rapporte Diane Beaumenay-Joannet, chargée de mission sur le plastique au sein de l’ONG Surfrider. « Parce que c’est jetable et moins cher qu’un paquet de cigarettes, et parce que la cible est jeune, on en trouvera de plus en plus dans l’environnement », dit-elle, pointant du doigt « le manque de communication sur le fait qu’il faut la ramener dans une poubelle adaptée ». Aller vers des « produits plus éco-conçus et plus durables », nécessiterait de réviser la directive européenne sur les produits plastiques à usage unique, ce qui n’est « pas à l’ordre du jour », déplore Mme Beaumenay-Joannet, pour qui « la puff aura le temps d’inonder le marché et de produire beaucoup de nouveaux déchets ».