La mémoire des seiches ne change pas avec l'âge, contrairement aux humains
Publié le - par Marie Briere de la Hosseraye
Les seiches peuvent garder la mémoire d’événements spécifiques jusqu’à la fin de leur vie, et ce, de manière détaillée. Que s’était-il passé ? Quand ça ? Où ça ? Même pendant ses vieux jours, ce mollusque est capable de se rappeler précisément un souvenir. C’est ce que révèlent les résultats d’une étude internationale, qui vient d’être publiée dans la revue scientifique Proceedings of the Royal Society. C’est la première fois que l’on prouve que la mémoire d’un animal ne se détériore pas avec les années.
« Les seiches se souviennent de ce qu’elles ont mangé, où, et quand, et elles s’en servent pour décider de leur alimentation future, » a expliqué Alexandra Schell, autrice principale de l’étude. « Ce qui nous a surpris, c’est qu’elles ne perdent pas leur capacité avec l’âge, même si leurs muscles ou leur appétit montrent des signes de vieillissement. »
Quand les humains vieillissent, ils perdent progressivement leur mémoire épisodique, celle qui leur permet de se rappeler ce qu’ils ont diné jeudi dernier par exemple. On attribue ce déclin à la détérioration d’une partie du cerveau, l’hippocampe.
Mais les seiches n’en possèdent pas. Leur cerveau est extrêmement différent du nôtre. La partie du leur associé à la mémoire et l’apprentissage ne se détériore que dans les trois derniers jours de la vie de l’animal, ce qui explique que ses capacités à se souvenir ne changent pas avec l’âge. « Certaines des vieilles seiches réussissaient même mieux les tests que les plus jeunes », précise la chercheuse.
Des scientifiques de l’université de Caen, de Cambridge, en Angleterre, et du laboratoire de biologie marine au Massachusetts ont réalisé des tests de mémoire sur 24 seiches. La première moitié d’entre elles étaient âgées de 10 à 12 mois, soit presque des adultes, et l’autre avaient entre 22 et 24 mois, équivalent à 90 ans chez l’humain.
Les seiches ont une courte durée de vie, autour de deux ans. C’est ce qui en fait un parfait sujet d’étude sur le déclin de la mémoire.
Pour l’équipe de chercheurs, cette inhabituelle faculté cognitive pourrait être liée au fait que ces animaux se reproduisent tardivement. Leur capacité de mémorisation les rendrait capable de se rappeler aussi bien leur partenaire sexuel, que le lieu ou le moment de leur accouplement. Ce qui leur permettrait de se reproduire avec autant de partenaires que possible et de diffuser leurs gènes.