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Image vidéo diffusée le 28 avril 2020 par le département de la Défense américain de « phénomènes aériens non -identifiés » observés par des pilotes de l’US Navy © DoD/AFP/Archives Handout

La possibilité de visites extraterrestres sur Terre est décidément de plus en plus prise au sérieux aux États-Unis : la Nasa a annoncé jeudi le lancement à l’automne d’une enquête de plusieurs mois portant sur les phénomènes aériens non identifiés -- les fameux ovnis. Après les tentatives du renseignement américain, puis du Pentagone, c’est ainsi au tour de la Nasa de se pencher sur la présence de ces objets, se mouvant par exemple de façon anormale ou très rapide dans notre atmosphère, et ne pouvant être expliqués en l’état actuel de nos connaissances.

Il n’existe aucune preuve que ces phénomènes aient une origine extraterrestre, a souligné d’emblée l’agence spatiale. Mais « si quelqu’un me demandait si je pense qu’il existe une preuve irréfutable de vie intelligente dans l’un de ces phénomènes, je donnerais une réponse tout à fait acceptable pour un scientifique, qui est que je ne sais pas », a déclaré lors d’une conférence de presse Thomas Zurbuchen, administrateur associé à la Nasa.

Or le sujet est on ne peut plus important, car il concerne à la fois la sécurité nationale et celle du trafic aérien, a fait valoir l’agence américaine. L’étude sera menée par d’éminents scientifiques et experts en aéronautique. Prévue pour démarrer au début de l’automne, elle devrait durer neuf mois et aboutir sur un rapport rendu public.

Trois objectifs sont annoncés : rassembler les données déjà existantes, déterminer celles qui manquent et comment les collecter au mieux, et décider avec quels outils les analyser à l’avenir. « Nous avons aujourd’hui une compilation très limitée de ces observations », a déclaré durant la même conférence de presse David Spergel, astrophysicien placé à la tête de ces travaux. « Cela rend difficile de tirer des conclusions. »

Or, des montagnes de données existent en réalité, selon les experts de la Nasa, qui souhaitent ainsi les rassembler auprès des gouvernements, entreprises privées, associations ou encore particuliers. Le budget accordé ne devrait pas dépasser les 100 000 dollars. L’idée est au passage de dé-stigmatiser le sujet. « L’un des résultats de cette étude pour moi serait de faire comprendre à tout le monde (…) que le processus scientifique est valable pour traiter tous les problèmes, y compris celui-là », a lancé Thomas Zurbuchen, qui dit avoir lui-même décidé d’ouvrir cette enquête.

Mystères « déconcertants » 

En juin 2021, le renseignement américain avait affirmé dans un rapport très attendu qu’il n’existait pas de preuves d’existence d’extraterrestres, tout en reconnaissant que des dizaines de phénomènes constatés par des pilotes militaires ne pouvaient pas être expliqués. Et le mois dernier, pour la première fois en plus de 50 ans, le Congrès américain a tenu une audition publique y étant consacrée.

Selon le Pentagone, un nombre croissant d’objets non identifiés sont signalés dans le ciel depuis 20 ans. Et ils suscitent inévitablement les spéculations les plus folles. « Je pense que des nouveaux mécanismes scientifiques vont être découverts », a de son côté jugé Thomas Zurbuchen. « Il y a eu de nombreux cas où quelque chose apparaissant comme presque magique s’est révélé être un nouvel effet scientifique. » « Ne sous-estimez jamais ce dont la nature est capable », a-t-il ajouté.

Les experts ont assuré se lancer dans ce projet sans idées pré-conçues. Mais pour David Spergel, les ovnis regroupent probablement différents phénomènes, ne pouvant être placés sous une explication unique. L’étude ne permettra peut-être pas d’éclaircir immédiatement de nombreux aspects, a-t-il concédé, mais doit plutôt fournir une feuille de route pour tendre vers ce but à l’avenir.

La Nasa est déjà en quête de vie extraterrestre dans l’espace, par exemple en cherchant des traces de vie ancienne sous forme microbienne sur Mars, ou des technosignatures venues d’autres planètes (des signaux démontrant la présence de technologies). Mais il s’agit de la première fois que l’agence spatiale américaine examine sérieusement cette possibilité sur Terre. « Je ne crois pas que quelqu’un se soit déjà penché de façon systématique sur les phénomènes aériens non identifiés par le passé », a dit jeudi Daniel Evans, en charge de coordonner l’étude pour l’agence spatiale. Mais « au fil des décennies, la Nasa a répondu à l’appel lancé pour s’attaquer à certains des mystères les plus déconcertants que nous connaissons, et ceci n’est pas différent ».