Image légendée
Atelier artistique au musée pour des patients suivis en psychiatrie à l'hôpital universitaire de Montpellier (Hérault), le 7 janvier 2023 © AFP/Archives Sylvain THOMAS

La psychiatrie « effraye » les Français, selon une étude publiée par le collège national des universitaires en psychiatrie (CNUP), qui lance une campagne pour « déconstruire les préjugés » sur cette spécialité en manque de bras et attirer plus d’étudiants.

Plus de six Français sur dix jugent l’univers de la psychiatrie « anxiogène », et 19 % en ont même « très peur », selon le baromètre réalisé par l’institut CSA pour le CNUP et deux associations étudiantes (ANEMF et AFFEP), auprès d’un échantillon de 1 000 personnes représentatives du « grand public », mais aussi 600 étudiants en médecine et 500 lycéens.

Pour 46 % des interrogés (qui se disent « tout à fait d’accord » ou « plutôt d’accord »), les personnes hospitalisées en psychiatrie sont « généralement enfermées », et 44 % pensent qu’elle « ne fait qu’assommer les gens de médicaments ». Une majorité juge le métier « dangereux ».

Même parmi les étudiants en médecine, 37 % disent en « avoir peur », un nombre qui chute à 24 % s’ils ont déjà effectué un stage spécialisé.

Camisoles de force, sédatifs : ces peurs relèvent de « croyances héritées des pratiques d’un autre temps », déplore le CNUP, alors que l’enfermement sous contrainte ne concerne « qu’une part infime » des patients, a assuré lors d’une conférence de presse le président du CNUP, Olivier Bonnot.

« Historiquement, quand la psychiatrie n’avait pas de moyens thérapeutiques efficaces, ça a pu se passer comme cela, mais depuis les années 1970, la psychiatrie a beaucoup évolué » vers « l’autonomie des patients, des relations collaboratives, des prises en charge ambulatoires », a fait valoir Marie Tournier, professeur à l’université de Bordeaux.

Par ailleurs, la distinction entre les différentes professions liées à la santé mentale (psychiatres, psychologues, psychanalystes…) « n’est pas claire » pour 51 % des Français.

Alors que les besoins augmentent — un Français sur cinq est touché dans sa vie par des troubles psychiques — la psychiatrie n’attire plus : en 2023, lors du concours qui détermine les choix de spécialité en médecine, 67 des 547 places de psychiatrie sont demeurées vacantes.

Les étudiants en médecine jugent la psychiatrie « moins prestigieuse » que d’autres spécialités (à 62 %), « trop isolée » (63 %) ou pensent que la recherche y est « moins intéressante ». « C’est faux » et « 90 % des psychiatres sont très heureux » de leur métier, a réagi M. Bonnot.

Un spot télévisé sera notamment diffusé la semaine prochaine sur France télévisions et M6, renvoyant vers un site dédié (https://choisir-psychiatrie.fr), rempli d’informations et témoignages.