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Un moineau dans les jardins du Palais Royal, à Paris © AFP/Archives Alain Jocard

Oiseaux des villes et des champs voient leurs populations s’effondrer à cause des activités humaines, alertent aujourd’hui des scientifiques, soulignant la nécessité de pratiques agricoles plus vertes en pleine renégociation de la Politique agricole commune (PAC). 

Entre 1989 et 2019, des ornithologues bénévoles ont suivi l’évolution des populations de 123 espèces d’oiseaux les plus communes en France, via le programme de Suivi temporel des oiseaux Communs (STOC), car elles constituent un bon indicateur de l’état de la nature. En 2018, le Muséum national d’histoire naturel (MNHN) et le CNRS tiraient la sonnette d’alarme, parlant d’un déclin à « un niveau proche de la catastrophe écologique ».

Trois ans plus tard, le MNHN, l’Office français de la biodiversité (OFB) et la Ligue de protection des oiseaux (LPO) ne sont guère plus optimistes, avec 43 espèces en déclin, une quarantaine stable et 32 en expansion. Des oiseaux familiers des villes, comme les hirondelles ou les moineaux friquet sont « en fort déclin », selon un communiqué. En cause : « l’artificialisation toujours plus forte », la pollution et les rénovations de bâtiments qui les privent de cavités où nicher. 

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Une hirondelle à Bourdeilles, en Dordogne © AFP/Archives Nicolas Tucat

« Plus globalement, cette faune si familière est en fort déclin : -28 % d’oiseaux en moins depuis 1989 ». La situation est pire pour les oiseaux des milieux agricoles, comme « l’alouette des champs et les perdrix, qui ont perdu près du tiers de leurs effectifs en 30 ans ».

« Le modèle agricole intensif développé après-guerre et encouragé par la PAC est en grande partie responsable, pour avoir fait disparaître ou transformé leurs habitats et pour avoir diffusé massivement des produits chimiques, dont les pesticides, en particulier les néonicotinoïdes », souligne l’étude. En forêt, la situation est moins mauvaise avec une baisse des effectifs de 10 % en 30 ans.

Les oiseaux doivent aussi composer avec le changement climatique.

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Un rouge-gorge, le 10 février 2021 à Illiers-Combray, en Eure-et-Loir © AFP/Archives Jean-François Monier

Pour lutter contre leur déclin, plusieurs actions ont fait leurs preuves, comme les réserves naturelles ou « des aides financières conditionnées “scénarios verts” qui doivent être développées dans le projet de la nouvelle Politique agricole commune ».

La LPO, le MNHN et l’OFB demandent aussi « l’arrêt de l’utilisation massive et déraisonnée des pesticides, un soutien efficace à l’agro-écologie, une réduction de l’artificialisation des sols (…), un soutien à la stratégie nationale des aires protégées ».

Les chercheurs mettent en garde contre la « fausse bonne nouvelle » de l’augmentation de populations de certaines espèces plus adaptables, comme le pigeon ramier ou la mésange bleue : elle « révèle en fait une uniformisation de la faune sauvage ».