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Un glacier en Antarctique, le 14 septembre 2017 © INACH/AFP/Archives Felipe Trueba

Leur fonte ferait s’élever de plusieurs mètres les océans : des calottes glaciaires pourraient bien s’effondrer avec un demi-degré de réchauffement supplémentaire du climat, selon des études récentes qui font la lumière sur leurs fragilités jusqu’ici insoupçonnées.

Les calottes du Groenland et de l’Antarctique ont perdu plus de 500 milliards de tonnes par an depuis l’an 2000, l’équivalent de six piscines olympiques toutes les secondes. Mais les modèles climatiques avaient jusqu’à présent sous-estimé leur contribution à la future montée du niveau des océans, en ne prenant en compte que l’effet de la hausse des températures de l’air sur la glace – et en négligeant les interactions complexes entre l’atmosphère, les océans, les calottes et certains glaciers.

Des chercheurs de Corée du Sud et des États-Unis ont établi quelle serait l’élévation du niveau des mers d’ici 2050 en fonction des différents scénarios des experts climats de l’ONU, le GIEC. En cas de poursuite des politiques climatiques actuelles – ce qui inclut les engagements pris par les pays dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat de 2015 – la fonte en Antarctique et au Groenland se traduirait par une hausse d’environ un demi-mètre du niveau des eaux. Un chiffre qui grimperait à 1,4 mètre dans un scénario du pire, en cas de hausse importante des émissions de gaz à effet de serre.

L’étude de ces scientifiques, publiée cette semaine dans la revue Nature Communications, précise également quand l’emballement de la fonte et une désintégration incontrôlable de ces calottes glaciaires pourraient intervenir. « Notre modèle a des seuils entre 1,5 °C et 2 °C de réchauffement – 1,8 °C étant notre meilleure estimation – pour l’accélération de la perte de la glace et l’augmentation du niveau des mers », a expliqué à l’AFP Fabian Schloesser, de l’université d’Hawaï, co-auteur de l’étude. Les températures se sont déjà élevées de près de 1,2 °C dans le monde depuis l’ère pré-industrielle.

Les scientifiques savaient depuis longtemps que les calottes glaciaires de l’Antarctique occidental et du Groenland – qui pourraient élever le niveau des océans de 13 mètres à long terme – avaient des « points de bascule » au-delà desquels leur désintégration serait inévitable. Mais les températures associées à ce phénomène n’avaient jamais été précisément identifiées.

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Anomalies de températures dans le sud de l’Amérique du Sud © AFP Sophie Ramis

D’autres études publiées cette semaine dans Nature montrent par ailleurs que le glacier de Thwaites, dans l’ouest de l’Antarctique, se fracture d’une manière insoupçonnée. Ce glacier de la taille de la Grande-Bretagne s’est déjà rétracté de 14 km depuis les années 1990 mais le phénomène n’était pas bien compris, par manque de données.

Une expédition de scientifiques britanniques et américains a foré un trou d’une profondeur équivalente à deux tours Eiffel (600 mètres) au travers de l’épaisse langue de glace poussée par Thwaites dans la mer d’Admundsen. Ils y ont découvert des signes d’érosion accélérée – avec des formations en forme d’escalier inversé – ainsi que des fissures ouvertes par l’eau de mer. « L’eau tiède s’insinue dans les fissures et participe à l’usure du glacier à son point le plus faible », a souligné Britney Schmidt, autrice de l’une des études et professeure à la Cornell University de New York.

Une autre étude, publiée dans la publication Earth's Future, souligne pour sa part que l’élévation des océans détruira des terres arables ainsi que des sources d’eau potable et forcera des millions de personnes à l’exil plus tôt que prévu. « Le temps dont nous disposons pour nous préparer à une exposition plus importante aux inondations peut être bien moins important que ce qui était supposé jusqu’à présent », concluent les auteurs.

Les estimations reposaient jusqu’à présent beaucoup sur des données mal interprétées : lors de mesures de l’altitude de régions côtières à l’aide de radar, la cime des arbres ou des toits ont bien souvent été confondus avec le niveau du sol. Celui-ci se trouve donc en réalité bien plus bas qu’on ne pensait.

Des dizaines de millions de personnes sont particulièrement vulnérables dans les zones côtières de pays comme le Bangladesh, le Pakistan, l’Égypte, la Thaïlande, le Nigeria ou le Vietnam.