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Un loup dans un parc dédié dans le Colorado, aux Etats-Unis, le 28 mars 2023 © AFP/Archives Jason Connolly

Les loups, comme les chiens, peuvent différencier les voix humaines qui leur sont familières de celles d'inconnus, affirme une étude qui pourrait avoir des implications plus larges.

L'hypothèse dominante depuis longtemps était que la capacité des chiens à distinguer les voix humaines s'expliquait par la reproduction sélective des canidés, apprivoisés au fil des siècles. Afin de questionner ce postulat, 24 loups gris, mâles et femelles, de cinq zoos et parcs en Espagne ont pris part à une étude menée par une équipe de chercheurs, parmi lesquels Holly Root Gutteridge de l'université de Lincoln (Angleterre), co-autrice de la publication parue cette semaine dans la revue Animal Cognition.

L'équipe a installé des hauts-parleurs à proximité des loups. D'abord, des voix d'inconnus ont été diffusées pour les habituer à ne pas s'en préoccuper. Puis c'est la voix de leur soigneur qui l'a été, avec des propos familiers, de type « Coucou mes petits, comment vous allez ? » A ces sons, les loups ont levé la tête, leurs oreilles se sont dressées et ils se sont tournés vers le haut-parleur, comme des chiens le feraient.

Les voix inconnues ensuite jouées n'ont, elles, pas capté leur attention. Et même si le soigneur prononçait autre chose que des consignes habituelles, les loups le reconnaissaient à sa voix et réagissaient.

L'étude permet donc d'établir que les canidés sauvages parviennent à distinguer nos voix, souligne Holly Root Gutteridge. Quelques recherches avaient auparavant été menées sur la question.

Des scientifiques ont pointé que les gorilles, nos proches cousins, sont capables d'écouter des humains. Il a aussi été démontré que des éléphants peuvent faire la distinction entre des voix selon le genre, l'âge et même l'ethnicité du locuteur. Ils ont notamment davantage peur des voix masculines que de celles de femmes ou d'enfants. Cette nouvelle étude montre donc qu’ « il y a en fait des fortes chances pour que de nombreuses espèces nous écoutent et nous distinguent en tant qu'individus », explique l'universitaire.

Et cela ne concerne pas uniquement les humains, ajoute-t-elle : des chiens peuvent faire la différence entre les miaulements de plusieurs chats, par exemple. « Si ces capacités sont aussi répandues », reprend Holly Root Gutteridge, « cela signifie que les animaux pourraient avoir bien plus d'interactions entre espèces différentes que ce que l'on pensait jusqu'à présent ».