Image légendée
Un garde-côte américain à la base de Boston (Massachusetts) © AFP Joseph Prezioso

Les sauveteurs qui tentent de retrouver le submersible disparu lors d’une expédition pour visiter l’épave du Titanic sont confrontés à un défi technique gigantesque à cause de la profondeur de l’Atlantique nord, selon les experts. Etats-Unis, Canada, France : des équipes internationales sont lancées dans une course contre la montre pour secourir le Titan, un petit navire de 6,5 mètres de long, et ses cinq membres d’équipage avant qu’ils ne soient à court d’oxygène — un ultimatum qui expire dans moins de deux jours. Mais la gigantesque zone de recherches, qui s’étend sur 20 000 kilomètres carrés dans l’Atlantique nord, et descend potentiellement jusqu’à une profondeur de 4 000 mètres, complique la tâche. « Il fait nuit noire en bas. Il fait un froid glacial. Le fond marin est constitué de boue et il est ondulé. Vous ne pouvez pas voir votre main devant votre visage », a expliqué Tim Maltin, expert du Titanic, à la chaîne américaine NBC News Now. « C’est un peu comme un astronaute qui va dans l’espace. »

Le submersible de l’entreprise OceanGate Expeditions transportait trois passagers ayant payé 250 000 dollars leur place à bord de l’expédition lorsqu’il a disparu dimanche : le milliardaire britannique Hamish Harding, le magnat pakistanais Shahzada Dawood et son fils, Suleman. Le patron d’OceanGate Expeditions, Stockton Rush, et le sous-marinier français Paul-Henri Nargeolet, surnommé « M. Titanic » pour ses fréquentes plongées sur le site, sont également à bord.

Image légendée
Carte localisant l’épave du Titanic, autour de laquelle les secours tentent de retrouver le sous-marin touristique porté disparu avec cinq personnes à son bord © AFP Valentin Rakovsky, Laurence Saubadu

Garde-côtes dépassés

Les recherches sont actuellement coordonnées par les garde-côtes américains. Mais la complexité de cette mission dépasse les compétences habituelles des sauveteurs, a expliqué à la presse leur capitaine Jamie Frederik. « Nous ne disposons pas de toute l’expertise et de tout l’équipement nécessaires à une recherche de cette nature », a-t-il reconnu. « Il s’agit d’un effort de recherche complexe, qui nécessite l’intervention de plusieurs agences disposant d’une expertise en la matière et d’un équipement spécialisé. » Selon lui, les secours utilisent de multiples méthodes pour ratisser la vaste zone à la recherche du Titan. Minuscule dans l’immensité des profondeurs, le submersible a perdu le contact avec son navire de support dimanche moins de deux heures après son départ vers le Titanic.

« Les efforts de recherche se sont concentrés à la fois sur la surface avec des avions C-130 qui effectuent des recherches visuelles et radar, et sur la zone sous la surface grâce à des avions P3 qui larguent des bouées sonar », a ajouté le capitaine Frederik. Infructueuses jusqu’ici, les recherches ont été renforcées mardi par un énorme navire américain poseur de canalisations sous-marines, équipé d’un robot télécommandé qui doit être déployé à la dernière position connue du Titan. Un navire de l’institut français Ifremer, lui aussi équipé d’un robot sous-marin, doit également arriver sur place ce mercredi.

Image légendée
Image de la Woods Hole Oceanographic Institution lors d'une expédition sur le Titanic en 1986 © Woods Hole Oceanographic Institution/AFP/Archives

Relief sous-marin

Les sauveteurs cherchent probablement à trois endroits différents, selon l’océanographe Jules Jaffe, qui a fait partie de l’équipe ayant mis au point le système d’imagerie optique utilisé pour localiser l’épave du Titanic en 1985. Le submersible « se trouve soit au fond de la mer, soit quelque part dans la colonne d’eau, soit à la surface », a-t-il déclaré à la chaîne ABC10 de San Diego. « Il pourrait se trouver dans la colonne d’eau. Je pense que c’est l’endroit le plus probable. » D’après lui, un moyen pour retrouver le Titan est « d’utiliser le type de sonars avec lesquels nous cartographions les fonds marins ».

Mais si le minuscule navire a coulé tout au fond de l’océan, il pourrait être très difficile à repérer, selon Jamie Pringle, professeur de géosciences à l’université de Keele, en Grande-Bretagne. « Le fond de l’océan n’est pas plat, il y a beaucoup de collines et de canyons », a-t-il rappelé à la chaîne NBC. D’autant qu’à quatre kilomètres de profondeur, la pression qui règne est 400 fois supérieure à celle à la surface, et ajoute un défi supplémentaire à celui du relief sous-marin. Les équipements qui peuvent y résister sont rares : peu de navires peuvent opérer à de telles profondeurs. Les sous-marins nucléaires communément utilisés par les différentes armées opèrent généralement à une profondeur de 300 mètres seulement, selon la Woods Hole Oceanographic