Nouvelle mission chinoise : des kilos d’échantillons de sol lunaire bientôt sur Terre ?
Publié le - par Bernard Nomblot
Les choses s’accélèrent sur la base de lancement de Wenchang, située sur l’île de Hainan. Deux navires sont arrivés ces derniers jours au port de Quinlan, transportant les éléments d’une fusée Longue Marche 5. Ce lanceur, le plus puissant de la panoplie chinoise, va être assemblé et testé avant de lancer la sonde lunaire Chang’E 5, vraisemblablement durant la dernière semaine de novembre.
Cette mission lunaire est de loin la plus ambitieuse de ces quarante dernières années. Elle mettra en œuvre une sonde dont le poids total dépasse huit tonnes. Il s’agit de placer cette sonde en orbite lunaire ; s’en séparera un atterrisseur qui ira se poser sur la face visible de la Lune. L’atterrisseur récoltera quelques kilos de sol lunaire puis les transfèrera dans un étage de remontée qui rejoindra l’orbite lunaire. Les échantillons seront alors transférés dans une capsule étanche qui reviendra se poser sur Terre une dizaine de jours après l’avoir quittée.
Ce sera la première mission de retour d’échantillons depuis la sonde soviétique Luna 24, qui, en 1976, a ramené moins de 150 grammes de poussière lunaire.
Chang’E 5 devrait se poser au nord-ouest de la face visible de la Lune, dans Oceanus Procellarum, « l’océan des tempêtes », une région qui n’a été visitée par aucune sonde, habitée ni automatique. Le lieu a été choisi parce que les scientifiques espèrent y trouver des coulées de lave plus récentes que celles échantillonnées par les astronautes d’Apollo.
Le véhicule de rentrée qui doit rapporter au sol les échantillons lunaires a été testé en 2014. La mission aurait dû décoller en 2017, mais l’échec du lancement d’une fusée Longue Marche 5 en juillet 2017 a contraint les Chinois à retarder le vol.
Chang’E 5 a été construit en deux exemplaires, le second devant se poser dans une autre région de la Lune si la première mission se passe bien. Il est d’ores et déjà question d’envoyer Chang’E 6 échantillonner le pôle sud de la Lune pour vérifier si de la glace s’y trouve réellement et en quelle quantité.
Cette mission, qui nécessitera des manœuvres nombreuses en orbite lunaire, est considérée par les Chinois comme un préalable nécessaire à la grande aventure des années 2030 : envoyer des humains sur la Lune.