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Un thermomètre de pharmacie indique une température de 38 °C, le 1er août 2022 à Nîmes, dans le Gard © AFP Pascal Guyot

Frappée par une troisième vague de chaleur estivale qui remonte et s’intensifie depuis le sud du pays, la France métropolitaine est désormais entièrement frappée par la sécheresse, après le passage de Paris et sa petite couronne sous « vigilance », conséquence d’un mois de juillet le plus sec jamais enregistré. La préfecture d’Île-de-France a placé en vigilance « sécheresse » Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine–Saint-Denis et le Val-de-Marne, rejoignant ainsi l’ensemble des autres départements métropolitains, déjà concernés.

Une sécheresse qui s’aggrave alors que l’Hexagone voit arriver sa troisième vague de chaleur en à peine deux mois, rendant encore plus perceptibles les conséquences du réchauffement climatique. « Un épisode de canicule se confirme pour le milieu de semaine, centré sur mercredi et jeudi avec des températures maximales entre 34 à 38 °C et localement 40 °C », a indiqué lundi soir Météo-France. En conséquence, quatre départements du Sud-Est (Ardèche, Drôme, Gard et Vaucluse) et les Pyrénées-Orientales restent en vigilance orange. Cinquante autres départements, au sud d’une ligne allant de la Charente-Maritime jusqu’à l’Alsace, sont en vigilance jaune. « Mercredi, un pic de chaleur est attendu avec des températures maximales atteignant le plus souvent 34 à 38 °C, et localement 39 à 40 °C sur le midi toulousain », précise Météo-France, avant que l’axe chaud ne se décale jeudi vers le Nord-Est.

Dans ce contexte, déjà propice à des feux de forêt inédits, un incendie a ravagé « 450 hectares » de maquis sur la commune de Santo-Pietro-di-Tenda en Haute-Corse sans menacer d’habitation, mais était « stable » mardi matin. Un autre incendie, probablement d’origine criminelle, qui a parcouru depuis dimanche une zone de 300 hectares sur la commune de Mano dans les Landes, était lui « fixé ».

L’agriculture souffre aussi. La culture du maïs, dont le principal débouché est l’alimentation du bétail, devrait être touchée, les effets cumulés de la sécheresse et du manque d’eau ayant lieu « pendant la pollinisation », période cruciale où le maïs se forme, explique Xavier de Castelbajac, responsable commercialisation céréales chez le groupe coopératif Maïsadour.

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Un champ de maïs touché par la sécheresse, le 1er août 2022 près de Hostens, en Gironde © AFP Philippe Lopez

Dans les Pyrénées-Orientales, où les plus hautes températures sont attendues mardi, l’arrosage pourrait être interdit dans les vergers de la vallée du Tech. Baptiste Cribeillet, 32 ans, y exploite 60 hectares de pêches nectarines en agriculture biologique. Pour l’heure, les prélèvements en eau y sont restreints de 50 %. « On espère qu’ils maintiennent ce niveau. Si on passe à l’étape au-dessus, on ne pourra plus irriguer du tout et les dégâts seraient monstrueux sur les arbres et les récoltes à venir », estime cet arboriculteur basé dans le village de Saint-Génis-des-Fontaines.

Situation de crise

Cette nouvelle vague de chaleur s’annonce plus brève et moins intense, précise Météo-France, que celle de mi-juillet, lors de laquelle des records absolus avaient été battus dans 64 communes, flirtant voire dépassant les 40 °C dans plusieurs localités.

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Trois mois de fortes chaleurs en France © AFP Kenan Augeard

Mais ce retour si rapide de fortes chaleurs vient frapper une majeure partie du pays déjà affectée par une sécheresse exceptionnelle et aux conséquences immédiates, notamment sur l’agriculture, le transport fluvial ou les loisirs aquatiques. Seulement 9,7 millimètres de précipitations agrégées ont été enregistrés en France métropolitaine le mois dernier, un déficit d’environ 84 % par rapport aux normales, presque aussi peu que les 7,8 mm de mars 1961, le record des minima depuis les premiers relevés nationaux en août 1958. « Ce fort déficit de précipitation, qui fait suite à un printemps très sec et conjugué avec des fortes chaleurs, contribue à aggraver l’assèchement des sols », met en garde Méteo-France.

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Un étang asséché à Taillebourg, dans l’ouest de la France, le 18 juillet 2022 © AFP Xavier Leoty

Si désormais l’ensemble de la France est sous vigilance « sécheresse » avec des restrictions d’eau à différents niveaux, 57 préfectures ont désigné des territoires en état de crise, synonyme d’arrêt des prélèvements non prioritaires « y compris des prélèvements à des fins agricoles ». « Seuls les prélèvements permettant d’assurer l’exercice des usages prioritaires sont autorisés (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité) », explique le site d’information sécheresse du gouvernement, Propluvia.

L’Office français de la biodiversité (OFB) a annoncé avoir procédé à « plus de 2 000 contrôles des arrêtés sécheresse pris par les préfets » lors d’une opération lancée le 25 juillet. Depuis le printemps, les inspecteurs de l’environnement ont procédé à 4 000 contrôles dans les départements concernés, avec 15 % de non-conformité allant « du simple rappel à la loi jusqu’à la contravention de cinquième classe ».

L’Europe occidentale a fait face en juillet à une sécheresse historique et à deux vagues de chaleur en à peine un mois, au cours desquelles se sont déclenchés des feux de forêt ravageurs comme en Gironde, en Espagne ou en Grèce.