Objet vivant non identifié : l’étrange blob sort du bois
Publié le - par le blob, l’extra-média, avec l’AFP
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Vous l’avez sans doute croisé en forêt, ou dans votre cave, sans savoir qui il était : le blob, curiosité biologique composée d’une unique cellule mais capable de comportements complexes, débarque au parc zoologique de Paris. La nouvelle star du zoo au Bois de Vincennes – le premier du monde à accueillir cette espèce non animale – a pris ses quartiers dans le vivarium, où le public pourra faire sa connaissance à partir de samedi 19 octobre.
« Notre mission, c’est aussi de montrer les mystères de la nature », s’est félicité Bruno David, président du Muséum national d’histoire naturelle et du parc zoologique, lors de la présentation à la presse. Installé dans sa « blob zone », à l’abri de la lumière, le « physarum polycephalum » (son nom scientifique) ressemble à une masse spongieuse, jaune et visqueuse. Ni animal, ni plante, ni champignon, c’est un organisme primitif, apparu il y a 500 millions d’années, avant le règne animal. « On ne sait pas bien où le mettre dans l’arbre du vivant », explique Bruno David.
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Il fut longtemps considéré comme un champignon, avant d’être évincé de ce règne pour rejoindre, dans les années 1990, les myxomycètes, sous-classe des amibozoaires (dont les amibes). Comme il n’a qu’une cellule, il est microscopique au démarrage de son cycle, et donc difficile à repérer dans son milieu – les forêts tempérées, à l’ombre, ou certaines caves.
Mais il possède plusieurs noyaux, qui peuvent se multiplier, ou se diviser, à volonté. « On peut créer des blobs de toutes les tailles, il n’y a pas de limite connue », explique Audrey Dussutour, éthologue au CNRS et spécialiste du blob.
« Quasiment immortel »
La créature peut atteindre jusqu’à 10 mètres en laboratoire, où l’on peut aussi la subdiviser en la découpant – il existe même des « moules » à blob – car les fragments cicatrisent.
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Dans les chambres de culture du zoo, les jardiniers créent ainsi chaque jour de nouveaux spécimens, à partir du même échantillon, pour en avoir un maximum à présenter au public. Marlène Itan, « blobicultrice » depuis peu, vient tous les jours arroser et nourrir les « sclérotes » (sortes de « bébés ») qui poussent dans son élevage. « Ça change d’habitude. On ne sait jamais à quoi s’attendre en arrivant ! » se réjouit-elle.
Car le blob ne cesse de surprendre. Il peut mourir de plusieurs façons, mais peut aussi entrer en dormance, en se desséchant. « Dans cet état, il est quasiment immortel... On peut même le mettre au micro-ondes quelques minutes ! », selon Audrey Dussutour. Une fois ré-humidifié, il peut repartir, en redémarrant son cycle à zéro, ajoute la chercheuse, qui possède en laboratoire des spécimens âgés de plus de 70 ans.
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Autre curiosité : grâce au courant circulant son réseau veineux, le blob bouge, à raison de 1 à 4 centimètres par heure. L’observer à travers une vitre n’étant pas très spectaculaire, le zoo a conçu une muséographie interactive pour le mettre en scène, notamment via des vidéos en accéléré.
Son système vasculaire complexe passionne les physiciens. Certains tentent même de s’en inspirer pour l’appliquer à des réseaux électriques. Malgré son absence de système nerveux, il est capable de mémoriser.
Le zoo retrace ainsi une expérience montrant un blob apprendre, petit à petit, à ignorer du sel (qui a priori le repousse) déposé sur la trajectoire le menant à sa pitance. Avec ses 720 sexes différents, le blob a une reproduction sexuée semblable à celle du champignon.
« Il était là avant, donc ce sont davantage les champignons et les animaux qui s’en sont inspirés que l’inverse », conclut Audrey Dussutour. C’est elle qui a trouvé son surnom, en hommage au film « The blob » avec Steeve McQueen (1958), où une masse gluante extra-terrestre grossit à mesure qu’elle dévore tout sur son passage. Le physarum polycephalum, lui, est inoffensif.