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L’outil à corder, daté de 40 000 ans, découvert à Hohle Fels © université de Tübingen

À quoi pouvaient bien servir les bâtons percés de la préhistoire ? Redresser des flèches ? Arrimer des tentes de peaux ? Jouer de la musique ? Ou bien étaient-ils des insignes de pouvoir ? Ce sont quelques-unes des hypothèses envisagées pour l’utilisation de ces objets énigmatiques, découverts durant tout le paléolithique supérieur en Europe. La réponse est très prosaïque : il s’agissait probablement d’outils destinés à fabriquer des cordes végétales. C’est ce qui ressort d’une expérimentation réalisée à l’université de Liège, en Belgique.

Un de ces outils en ivoire de mammouth a été découvert en août 2015 dans la grotte de Hohle Fels (« roche creuse » en souabe), dans le sud-ouest de l’Allemagne, dans une couche datée de 40 000 ans environ, peu de temps après l’arrivée des hommes modernes en Europe. Parfaitement conservé, celui-ci est percé de quatre trous de sept à neuf millimètres de diamètre, profondément rainurés en spirale.

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Expérimentation montrant l'utilisation de l'outil pour fabriquer une corde © Université de Liège

Une réplique de cet objet a été fabriquée et les expérimentateurs l’ont utilisée pour tordre et transformer des fibres végétales en cordage.

L’utilisation de cordes végétales est connue depuis longtemps. Un fragment d’une trentaine de centimètres de corde à trois torons a été trouvé dans la grotte de Lascaux. D’autres fragments ont été découverts dans des tourbières, en Europe du Nord et dans les lacs suisses. 

On a donc sans doute enfin compris à quoi pouvaient servir ces bâtons percés, souvent décorés, présents en grandes quantités dans les gisements eurasiatiques. Ces outils, décorés par leur propriétaire, étaient utilisés dans la vie quotidienne.