Image légendée
La Haute autorité de santé (HAS) envisage d'étendre aux jeunes garçons la recommandation du vaccin contre les papillomavirus humains (HPV), "pour freiner la transmission" de ce virus responsable notamment du cancer du col de l'utérus © AFP Tobias SCHWARZ

La Haute autorité de santé (HAS) envisage d’étendre aux jeunes garçons la recommandation du vaccin contre les papillomavirus humains (HPV), « pour freiner la transmission » de ce virus responsable notamment du cancer du col de l’utérus, selon un projet d’avis publié mercredi.

« La HAS recommande l’élargissement de la vaccination anti-HPV (…) pour tous les garçons de 11 à 14 ans révolus (…), avec un rattrapage possible pour tous les adolescents et jeunes adultes de 15 à 19 ans révolus », détaille le projet d’avis, qui sera soumis à une consultation publique pendant quatre semaines. L’autorité sanitaire a été saisie par le ministère de la Santé pour réfléchir à cet élargissement de la vaccination, car la couverture vaccinale « reste insuffisante » (inférieure à 30 %) « au regard des objectifs fixés à 60 % par le plan cancer 2014-2019 ».

En France, la vaccination est aujourd’hui recommandée et remboursée pour toutes les jeunes filles de 11 à 14 ans et entre 15 et 19 ans en cas de rattrapage. Elle est également recommandée jusqu’à l’âge de 26 ans chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) et chez des patients immunodéprimés. Pour cette population, la HAS envisage « le maintien d’un rattrapage vaccinal (…) jusqu’à 26 ans révolus. »

Les infections sexuellement transmissibles liées à ce virus peuvent provoquer des années plus tard des cancers chez les femmes comme chez les hommes, du col de l’utérus, du vagin, du pénis, de l’anus ou de la gorge. Environ 1 750 nouveaux cas de cancers causés par le HPV surviennent chaque année en France chez des hommes, et 4.580 chez des femmes. Le seul cancer du col de l’utérus tue encore 1 100 femmes chaque année en France et 2 900 nouveaux cas sont diagnostiqués. 

Certains pays, comme les États-Unis, recommandent déjà que tous les préadolescents soient vaccinés contre les HPV avant d’y être exposés, à l’âge de 11 ou 12 ans. La HAS appuie sa recommandation sur des arguments médicaux, soulignant que « les premières données disponibles sont en faveur d’une possible efficacité des vaccins dans la prévention des cancers de la sphère ORL ». Mais elle soulève aussi le fait que « la vaccination contre les HPV limitée aux filles et aux HSH pose des questions d’éthique, d’égalité d’accès à la vaccination et de stigmatisation liée à l’orientation sexuelle et au non-respect de la vie privée ». Comme chez les jeunes filles, l’organisme public recommande d’utiliser le Gardasil 9, nouveau vaccin commercialisé par MSD Vaccins (groupe Merck), qui protège contre neuf types de HPV, contre quatre pour le précédent.

L’Académie de médecine ainsi qu’une cinquantaine de sociétés savantes et de syndicats médicaux se sont déjà prononcés en faveur d’une extension de la vaccination aux garçons au mois de mars. Les coûts en santé des infections à HPV en France représentent plus de 500 millions d’euros par an, a insisté l’Académie de médecine dans un rapport publié fin septembre, qui déplore que la vaccination des filles – « inférieure à 20 % », soit « la plus basse d’Europe ».

La HAS invite les acteurs concernés par la politique vaccinale (associations de patients, collèges nationaux professionnels, sociétés savantes, institutions publiques, industriels, etc.) à formuler leur avis sur ce projet. Contributions qui seront « analysées et discutées pour aboutir à la recommandation finale ».