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Le village de Kayakuchi dans la province d'Assam en Inde, en juillet 2019 © AFP/Archives David TALUKDAR

D’ici 2050, des zones côtières abritant 300 millions de personnes pourraient être menacées par la montée des océans liée au changement climatique, selon une étude publiée dans Nature Communications.

La région la plus exposée est l’Asie. Plus des deux tiers des populations concernées se trouveront en Chine, au Bangladesh, en Inde, au Vietnam, en Indonésie et en Thaïlande. Utilisant une forme d’intelligence artificielle, les chercheurs ont corrigé des données existantes concernant l’altitude des terres dans les zones côtières, qui pouvait être erronée, conduisant à largement sous-estimer l’étendue des zones touchées lors des marées hautes ou de fortes tempêtes. « Les projections de l’élévation du niveau des océans n’ont pas changé », explique Ben Strauss, co-auteur de l’étude et président-directeur de Climate Central, un institut de recherches aux États-Unis. « Mais lorsque nous utilisons nos nouvelles données concernant le relief, nous trouvons beaucoup plus de gens vivant dans des régions vulnérables que ce que nous estimions jusqu’à présent », poursuit-il.

Les données gratuites fournies par la NASA, avec son programme SRTM qui a permis de cartographier 95 % de la Terre, peuvent comporter une marge d’erreur. Mais il y a environ cinq ans, Ben Strauss et Scott Kulp ont réalisé, en comparant ces éléments à des données plus fines, que le système SRTM surestimait systématiquement l’altitude des bords de mer, confondant des toits et des arbres avec le niveau du sol. « Pour la majorité des zones côtières à travers le globe, nous ne connaissions pas la hauteur du sol sous nos pieds », explique Ben Strauss.

 

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Nombre de personnes par pays exposées aux risques d'inondations côtières d'ici 2050. Le graphique compare les précédentes estimations de la Nasa aux nouvelles estimations de Climate Central © AFP Dario INGIUSTO

La population mondiale, estimée à 7,7 milliards d’individus aujourd’hui, pourrait s’accroître de deux milliards d’ici 2050 et d’un milliard supplémentaire d’ici la fin du siècle, dont une grande partie résidant dans des mégalopoles en bord de mer. Actuellement, environ 100 millions de personnes habitent dans des zones situées sous le niveau de la mer. Plusieurs menaces pèsent sur les populations des littoraux : l’une est l’élévation du niveau des océans causée par la dilatation de l’eau sous l’effet du réchauffement climatique et la fonte des glaces au Groenland et en Antarctique.

Depuis 2006, les océans montent d’environ quatre millimètres par an, un rythme qui pourrait être multiplié par 100 si les émissions de gaz à effet de serre restent inchangées, a averti le mois dernier le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) dans un rapport sur les océans. Si le réchauffement climatique est limité sous 2 °C, comme prévu par l’Accord de Paris, la hausse des océans devrait atteindre environ 50 centimètres d’ici 2100. Si les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent à leur rythme actuel, l’élévation pourrait être presque deux fois plus importante. L’autre menace est celle des typhons, cyclones et ouragans violents qui vont devenir plus fréquents. « Il n’est pas nécessaire d’avoir une augmentation importante du niveau des mer pour causer des problèmes catastrophiques », commente Bruce Glavovic, professeur à l’université Massey en Nouvelle-Zélande.

Pour l’ancien vice-président du Giec, Jean-Pascal van Ypersele, CoastalDEM, le système créé par les chercheurs, est un progrès significatif pour prévoir les impacts futurs du changement climatique.