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Un camion réfrigéré sert de morgue temporaire près d’un hôpital de Brooklyn, à New York le 1er avril 2020 © AFP Angela Weiss

Le nouveau coronavirus a continué mercredi son expansion à une vitesse « quasi exponentielle », fauchant des vies aux quatre coins du monde dont celle d’un bébé de six semaines aux États-Unis, devenu l’une des plus jeunes des plus de 46 000 victimes de la pandémie.

Plus de 900 000 cas de Covid-19 ont été recensés dans le monde, dont 215 000 aux États-Unis où la maladie progresse le plus vite. Faute de capacité suffisante de dépistage, ces bilans sont très probablement bien en-dessous de la réalité.

Malgré des mesures de confinement qui concernent près d’un habitant de la planète sur deux, les bilans sont de plus en plus lourds : plus de 13 000 morts en Italie, de 9000 en Espagne, plus de 5000 aux États-Unis, de 4000 en France…

La mort d’un nouveau-né dans l’État du Connecticut, après le décès d’un bébé de neuf mois à Chicago et d’un adolescent de 13 ans au Royaume-Uni, a particulièrement frappé les esprits, les enfants étant jusqu’ici relativement épargnés.

« Profondément préoccupé », le secrétaire général de l’Organisation mondiale de la Santé Tedros Adhanom Ghebreyesus n’a pu que constater la « croissance quasi exponentielle » du nombre de cas. « Nous devons être à l’unisson pour combattre ce virus inconnu et dangereux », a-t-il lancé.

Aux Éats-Unis, appelés à devenir, après l’Europe, le nouvel épicentre de la pandémie, la Maison Blanche a présenté ses projections : le Covid-19 devrait faire entre 100 000 et 240 000 morts.

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Bilan mondial de la pandémie de nouveau coronavirus, au 1er avril à 19 h GMT © AFP Valentine Graveleau

En Europe, c’est l’Espagne qui a déploré les pertes les plus lourdes avec 864 nouveaux morts en 24 heures. Et le pays redoute de voir submergées les unités de soins intensifs qui travaillent déjà à la limite de leurs capacités.

« Il n’y a pas suffisamment d’équipements de protection et le nombre de lits reste insuffisant », déplorait Guillén del Barrio, infirmier à Madrid, tout en notant un ralentissement des arrivées aux urgences de son hôpital. Une tendance confirmée par les autorités. « Il semble que nous soyons déjà » au pic de la contagion, « que nous sommes en train de descendre » a estimé le directeur du Centre d’urgences sanitaires, le Dr Fernando Simon.

En Italie aussi, où les hôpitaux craquent de toutes parts, le nombre des nouvelles infections continue de ralentir. Mais les médecins s’inquiètent des convalescents, qui quittent l’hôpital dès que leur vie n’est plus menacée, même s’ils sont encore contagieux.

« Dans une guerre comme celle-ci, on ne peut se permettre de s’exposer à l’apparition de nouveaux foyers de contagion qui risquent de transformer ces centres de convalescence en bombes virales qui diffusent le virus », a mis en garde Raffaele Antonelli Incalzi, président de la Société de gériatrie italienne.

En France, où les hôpitaux parisiens et de l’Est sont aussi débordés, les transferts de patients par train ont continué, tandis que les établissements de la capitale se préparaient à produire en 3D le matériel manquant. Un recensement des vétérinaires volontaires a par ailleurs permis d’identifier ceux pouvant aider leurs collègues médecins en triant les patients par exemple. 

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Des policiers surveillent les déplacements des citoyens à Rome, le 31 mars 2020 © AFP Andreas Solaro

Pour freiner la propagation de la pandémie, plus de 3,75 milliards de personnes (48 % de la population mondiale) sont appelées à rester chez elles ou contraintes de le faire. 

Ce n’est pas sans difficulté dans les zones les plus pauvres, comme dans l’immense township sud-africain de Khayelitsha, en lisière du Cap, où des centaines de milliers de personnes vivent dans un entrelacs de cabanes de bric et de broc.

Faute de vaccin ou de traitement, le confinement reste le moyen de lutte le plus efficace et l’État américain de Floride, l’Érythrée ou la Sierra Leone s’y sont à leur tour ralliés mercredi, tandis que l’Allemagne, l’Italie ou le Portugal en prolongeaient la durée. À Moscou, les autorités vont mettre en place une application mobile et des QR Codes pour vérifier que la population respecte les règles d’isolement, et pour surveiller les malades.

Converti tardivement au confinement, le Royaume-Uni a enregistré en une journée 563 décès supplémentaires, marquant une nette accélération de la pandémie qui a désormais tué 2000 personnes dans le pays. Le Covid-19 a déjà infecté le Premier ministre Boris Johnson ou encore le prince Charles, l’héritier de la couronne.

L’Iran a dépassé mercredi la barre des 3000 décès.

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Une femme est allée chercher de l’eau dans l’immense township sud-africain de Khayelitsha, près du Cap le 31 mars 2020 © AFP Rodger Bosch

Mais ce sont les États-Unis, où 85 % des Américains vivent désormais confinés, qui se préparent à être submergés. 

Avec plus de 1900 morts, l’État de New York multiplie depuis quelques jours les préparatifs, avec la construction d’hôpitaux de campagne dans Central Park et dans un grand centre de conférences de Manhattan. Et l’aide afflue de partout, y compris de Russie qui a dépêché mercredi un avion chargé d’aide humanitaire dans la mégalopole.

Même l’armée américaine n’est pas épargnée : le Covid-19 s’est propagé au sein du porte-avions nucléaire USS Theodore Roosevelt, immobilisé à Guam dans le Pacifique, et son équipage a commencé à être évacué.

Deux autres navires, le paquebot de croisière Zaandam et son navire adjoint le Rotterdam, continuaient de naviguer avec quatre morts à bord, sans être sûrs de pouvoir accoster en Floride jeudi. Donald Trump a annoncé mercredi que les passagers canadiens et britanniques du Zaandam seraient prochainement évacués.

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Deborah Birx, responsable de la gestion de la crise du coronavirus, présente des graphiques sur l’évolution de la maladie lors d’une conférence de presse, le 31 mars 2020 depuis la Maison Blanche à Washington © AFP Mandel Ngan

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guerres, a noté que la Terre vivait sa « pire crise mondiale depuis que l’ONU a été fondée » il y a 75 ans, évoquant « la combinaison d’une maladie menaçante pour tout le monde et d’un impact économique conduisant à une récession sans précédent dans un passé récent ».

Il existe désormais un risque de « pénurie alimentaire » sur le marché mondial à cause des perturbations dans le commerce international et les chaînes d’approvisionnement alimentaire, ont prévenu des agences dépendant de l’ONU et de l’OMC.

Gagnées par l’anxiété, les Bourses ont renoué avec de fortes baisses, l’indice Dow Jones clôturant en recul de 4,44 % notamment. Ce qui a plombé les Bourses chinoises à l’ouverture jeudi : -0,46 % à Shanghai, -0,44 % à et -1,34 % à Hong Kong.