Image légendée
Lancement de Crew Dragon par une fusée SpaceX le 19 janvier 2020, depuis le centre spatial Kennedy © NasaTV/AFP Handout

SpaceX a simulé avec succès hier l’éjection d’urgence d’astronautes d’une fusée quelques instants après le lancement depuis la Floride, rapprochant la Nasa du moment où elle n’aura plus besoin des Russes pour envoyer ses astronautes vers la Station spatiale internationale (ISS).

Les données initiales indiquaient que le test avait été « parfait », a dit Elon Musk, le patron de SpaceX, lors d’une conférence de presse. L’administrateur de la Nasa, Jim Bridenstine, a vanté un « test très réussi ».

Le prochain vol de la capsule de SpaceX, Crew Dragon, sera donc son premier vol avec des astronautes à bord, et il pourrait avoir lieu au deuxième trimestre de cette année, a précisé Elon Musk. Ce serait la première fois que des Américains s’envolent dans l’espace à bord d’une fusée américaine depuis 2011, quand le programme de navettes spatiales a été interrompu.

« Cela représente le retour des astronautes américains dans l’espace à bord de fusées américaines, depuis le territoire américain », s’est félicité Jim Bridenstine.

Le lancement-test, sans personne à bord, a commencé à 10h30 (15h30 GMT) au centre spatial Kennedy avec le décollage d’une fusée Falcon 9, au sommet de laquelle la capsule Crew Dragon était fixée. La fusée était programmée comme si elle devait lancer le vaisseau en orbite.

Une minute et 24 secondes après le décollage, à une altitude d’environ 19 kilomètres au-dessus de l’Atlantique et alors que la fusée filait à plus de 1 500 km/h, une séquence d’abandon a été déclenchée pour simuler une anomalie : la capsule a allumé ses puissants propulseurs SuperDraco pour s’éjecter de la fusée et s’en distancer le plus vite possible. Dans une mission habitée, cela permettrait de sauver les astronautes sanglés à l’intérieur de Dragon, si jamais la fusée avait un problème ou suivait une mauvaise trajectoire.

Peu après la brusque séparation, la fusée s’est désintégrée dans une grande boule de feu, une image impressionnante, mais que SpaceX avait prévue : « Il n’y a rien à récupérer de la fusée », a précisé Elon Musk.

Crew Dragon a continué, seule, sa course vers le ciel jusqu’à environ 40 km d’altitude, avant de retomber naturellement vers l’océan Atlantique.

Puis les quatre grands parachutes de la capsule se sont ouverts afin de ralentir la chute et l’amerrissage dans l’Atlantique, où des équipes de sauvetage avaient été prépositionnées. Neuf minutes après le décollage, Crew Dragon a amerri, apparemment sans dommage.

Chaque étape était filmée et retransmise en direct, avec notamment une caméra embarquée à bord du véhicule.

Privatisation de l’espace

La Nasa doit désormais certifier que Crew Dragon est assez fiable pour transporter des astronautes. En attendant, le déroulement sans incident de ce test périlleux est une excellente nouvelle pour SpaceX et pour la Nasa, laquelle a urgemment besoin de certifier un véhicule pour transporter ses astronautes vers l’ISS dès cette année, afin de rompre sa dépendance envers les fusées russes Soyouz, les seules à disposer de cette capacité depuis la retraite des shuttles.

La Nasa a passé un contrat similaire avec Boeing, qui a développé la capsule Starliner.

En mars 2019, SpaceX avait réussi un aller-retour à vide d’une semaine vers l’ISS avec Crew Dragon. En avril, un test au sol des propulseurs SuperDraco avait provoqué une explosion, mais SpaceX et la Nasa assurent avoir résolu le problème après enquête.

Boeing devait effectuer la même mission à vide vers l’ISS en décembre, mais une erreur d’orbite a conduit à l’écourter et à faire revenir Starliner deux jours après le lancement, un revers pour le géant aérospatial.

Le premier vol habité de Crew Dragon aura comme passagers les astronautes américains Doug Hurley et Bob Behnken, qui s’entraînent depuis des années.

Jusqu’à présent, depuis 2012, SpaceX ravitaillait l’ISS en matériel et en vivres pour le compte de la Nasa, avec une version cargo de Dragon.

L’objectif secondaire du programme financé par la Nasa est de commercialiser l’accès à l’espace. SpaceX et Boeing pourront faire voler des clients privés à bord de leurs vaisseaux, moyennant des billets qui coûteront sans doute des dizaines de millions de dollars.

Interrogé dimanche sur un éventuel premier client, Elon Musk a répondu qu’il n’avait rien à annoncer.