C’est au 19e siècle que l’Occident découvre le site de Pétra et la culture qui lui a donné naissance, celles des Nabatéens. Situé dans l’actuelle Jordanie, cet ensemble de façades monumentales, taillées dans des falaises de grès de couleurs roses ou brunes a sans doute été érigé à partir du 6e siècle avant notre ère.
Fouiller cette cité qui s’étend sur près de 10 kilomètres est une entreprise colossale, 95% des vestiges sont toujours enfouis sous la roche et les sédiments.
Cependant, les fouilles conduites depuis une vingtaine d’années apportent leur lot de découverte.
La mission archéologique française étudie les espaces religieux de la capitale nabatéenne et plus particulièrement le Qasr al-Bint, temple de la Cité.
Chaque année, l’équipe de François Revel tente d’en apprendre un peu plus sur cet édifice qui est une des rares structures relativement intactes ayant été construite et non pas taillée dans la roche.
Cette fouille s’inscrit dans la lignée d’une longue tradition de recherche française à Pétra remontant aux explorations du site par messieurs de Laborde et Linant de Bellefonds, en 1828, qui ont dressé les premières cartes du site.
L’objectif est de comprendre l’aménagement du temple, de son enceinte, et d’un bâtiment voisin utilisé pour des banquets, et d’étudier sa chronologie car l’histoire du site s’étend sur plus d’un millénaire.
Débrouiller l’histoire du lieu est un véritable casse-tête. L’équipe a ainsi eu la surprise de découvrir sous le temple, les vestiges d’une phase pré-monumentale datant de la période hellénistique. Sous l’enceinte nabatéenne, ont été mis au jour des habitats et des terrasses agricoles encore plus anciennes.
Cette tête sculptée de Marc Aurèle daterait, elle, de la période romaine de Pétra qui débute en 106 après jésus christ.
Beaucoup d’éléments d’importation, comme des amphores et de la céramique grecque, ont été découverts ainsi qu’un corpus unique de céramique nabatéenne avec des centaines de milliers de tessons. Ils témoignent déjà d’un haut niveau de qualité de vie, et de l’intégration de Pétra aux réseaux commerciaux des IIIe et IIe siècles avant notre ère.
Dans les prochaines années, l’équipe s’intéressera plus particulièrement à ce qui se cache sous l’enceinte du temple. Gageons que ces futures campagnes réserveront elles aussi, de nouvelles surprises.