Pourquoi chez-vous ? Sylvain Chaty – Astrophysicien CEA – Université Paris Diderot,
Euh… je cherche… Je me souviens d’un rêve, par contre, que j’ai fait, quand j’étais petit. J’étais dans le métro et je vois un message qui s’affiche et qui en fait appelle les gens. Le message, c’était « Pour être heureux, faites de l’astronomie ». Quand je repense à ce message-là, ça me parle toujours. C’est probablement pas « Pour être heureux, faites de l’astronomie », mais c’est typiquement « Pour être heureux, ouvrez-vous à l’autre, ouvrez-vous à ce qu’il y a autour de vous. » Prendre connaissance de sa place dans l’univers, pour moi, c’est quand même fondamental, même pour mieux s’occuper de la Terre. J’étais petit, je me promenais avec ma mère et l’un de mes frères et on s’était arrêté dans une clairière, dans une forêt. Et là, j’ai regardé le ciel… J’ai eu un sentiment étrange, où je me suis vu sur la Terre, dans le système solaire et presque en communion avec l’univers. Et c’était un sentiment fort où je voyais ma place dans l’univers qui m’entourait et je pense que c’est cette sensation puissante que j’essaie de ressentir quand je fais ce travail de chercheur, d’observateur du ciel. Quand on a envie de découvrir quelque chose, généralement, on va le voir plus facilement. Même si on est des scientifiques, dans les articles scientifiques, on va toujours essayer de faire passer des sentiments, des idées. Alors des fois, c’est très caché sous un jargon scientifique. Mais ça ressort quand même. Et ça, il faut essayer de s’en affranchir et du coup, d’essayer d’enlever le côté humain. Parce qu’on est tous pris par des désirs soit de découvrir quelque chose, soit d’interpréter trop loin des observations qu’il ne faut pas interpréter. Il y a des solutions pour essayer d’être le plus objectif possible. Et je pense que l’une des meilleures solutions, c’est de ne pas le faire tout seul. Quand on enseigne, on enseigne pas de façon froide un savoir qui est déjà connu depuis des centaines d’années. On enseigne un savoir qui est en évolution. Et ça, on s’en rend vraiment bien compte quand on fait de la recherche parce que ça peut changer vraiment très très vite. Et donc on transmet ça aux étudiants. Et aussi, on leur montre que ça avance, on leur montre qu’il y a encore des choses qu’on ne connaît pas, et ça, ça donne un visage humain à la science. L’attrait du ciel, c’est lié à quelque chose de très profond. À un moment donné de mon existence où j’avais besoin d’être rassuré. C’est vrai que les étoiles qui paraissent à l’échelle d’une vie humaine, elles paraissent éternelles, elles sont toujours là, tous les soirs, avec une régularité incroyable. On peut compter dessus. Moi je suis amoureux des étoiles. Quand j’étais petit, c’étaient pour moi des êtres magiques qui me regardaient, en fait. Avec leurs lumières, comme ça, pointées vers la Terre. Les étoiles étaient tellement belles que je me disais que j’étais amoureux d’elles. Alors évidemment, après je me suis rendu compte qu’elles ne me rendaient pas beaucoup la pareille et que je ne pourrais jamais être avec une étoile. De toute façon, c’est tellement chaud une étoile qu’il vaut peut-être mieux pas être avec elle. Donc je vis avec ça… Pour le meilleur et pour le pire. C’est comme un mariage. Je suis marié avec le ciel.