Bonjour à tous, et bienvenue dans cette émission où les journalistes de la Cité de sciences et de l’industrie ont choisi pour vous quelques nouvelles des labos. Pour cette semaine, nous vous proposons
- Une planète en feu,
- les secrets une passoire inversée
- l’obésité observée par satellite
- et enfin, des bras télécommandés pour collaborer à diqtances.
Un monde en flamme
L’été, qui s’achève bientôt, a été marqué par de nombreux incendies, notamment en Grèce ou en Californie, mais aussi dans de nombreux autres pays à travers le monde. Le site WorldView, développé par la Nasa, permet d’apprécier l’ampleur du phénomène. En observant notre planète dans l’infrarouge, les satellites ont pu détecter un nombre impressionnant d’incendies sur l’ensemble des continents.
L’Afrique semble particulièrement touchée. Il s’agit en fait principalement de feux d’origine agricole. Leur distribution laisse penser qu’ils ont été délibérément déclenchés pour supprimer les plantes indésirables tout en apportant des nutriments aux sols.
En Amérique, en revanche, les feux sont essentiellement des incendies de forêt. C’est le cas bien entendu en Californie, dont les images spectaculaires ont inondé les médias cet été, mais aussi au Chili où le nombre d’incendies de forêt a connu un record.
En cause, la faible humidité, les vents violents et la température extrêmes, mais aussi – comme vient de le révéler une étude américaine – parce que de nombreuses forêts indigènes ont été converties en plantation d’arbres plus inflammable.
Autre cas de figure au Brésil, où les incendies sont liés à des pratiques de déboisement, qui deviennent souvent incontrôlables en raison en raison de conditions climatiques défavorables.
Quant à l’Australie, les feux de brousse ne sont pas fréquents durant l’hiver austral. Mais avec le changement climatique, la période des incendies intervient désormais 2 mois plus tôt, et commence dès le mois d’août.
Une passoire inversée
Habituellement, un filtre, quel qu’il soit, ne laisse passer que les éléments les plus fins et ne retient que les plus gros. Mais regarder celui-ci, son fonctionnement est inverse : il ne retient que les petites particules et laissent passer les plus imposantes !
Conçu par des chercheurs de l’Université de l’état de Pennsylvanie, il s’agit en fait d’une membrane liquide composée d’eau et d’un tensioactif assurant sa stabilité, un peu à la manière d’une bulle de savon.
Plus que la taille, c’est la masse qui joue ici un rôle clé. Lorsqu’une particule est suffisamment massive, son inertie lui permet – contrairement aux plus petites – de traverser la membrane, cette dernière se reformant juste après.
La résistance de la membrane est paramétrable et les chercheurs lui ont déjà trouvé quelques applications et notamment en chirurgie : en appliquant un tel filtre sur la zone à opérer, il serait envisageable de procéder à un acte chirurgical en limitant les risques de contaminations, la membrane empêchant les germes ou les poussières d’atteindre la blessure ouverte.
L’obésité vue par satellite
Aux États-Unis, plus d’un tiers de la population adulte est obèse. Pour étudier ce qui favorise le développement de cette maladie, l’université de Washington a o pté pour une approche plutôt surprenante : l’utilisation de Google Maps !
Mais pas question ici de traquer les personnes en surpoids dans la rue. L’objectif est de déterminer l’influence de l’aménagement urbain sur la prévalence de la maladie.
Pour y parvenir, l’équipe a entraîné une intelligence artificielle à exploiter les images satellites de plusieurs villes américaines, fournies par le célèbre service de cartographie. Grâce au deep learning, l’algorithme a appris à identifier la présence de gymnases, de parcs, de voies piétonnes ou de piscines, mais aussi les fast-foods, les gros axes routiers ou encore les épiceries et le type de logement. Autant de facteurs susceptibles d’influencer le développement de l’obésité.
Les chercheurs ont utilisé 150 000 images satellite haute-résolution, puis recoupé les variables urbaines avec les taux d’obésité des villes étudiées ainsi que des données socio-économiques. Leurs résultats sont pour le moins édifiants : l’aménagement des sites urbains serait corrélé à l’obésité à hauteur de 65 % en moyenne, avec un record de 73 % pour la ville de Memphis. En grande partie, les mauvais aménagements urbains sont aussi les secteurs qui concentrent le plus de pauvreté, catégorie de population la plus fortement touchée par l’obésité. Mais l’étude a mis en évidence des secteurs occupés par des populations aisées, où l’obésité est très présente, ce qui tend à montrer que l’aménagement urbain peut être à lui seul un facteur déterminant.
Source de l ‘étude : JAMA Network Open,31 août 2018
Bras collaboratifs
Deux bras supplémentaires pour réaliser des tâches de façon encore plus efficace. C’est l’idée de chercheurs de l’Université de Keio et de Tokyo au Japon qui ont présenté leur drôle de système lors d’une conférence le mois dernier à Vancouver.
Baptisé Fusion, il permet à deux participants de collaborer à distance tout en partageant le même point de vue et le même espace physique : « plonger » en quelque sorte dans le corps de l’autre.
Le dispositif se porte comme un sac à dos. En plus de ses deux bras, celui-ci est équipé d’une caméra stéréoscopique. L’appareil permet de voir par-dessus les épaules de l’opérateur. Mais c’est un deuxième acolyte qui manœuvre à distance. Il dispose pour cela d’un casque de réalité virtuelle Oculus Rift et d’un ordinateur portable.
Trois modes d’action sont possibles : la collaboration directe, le guidage forcé du corps et le mouvement corporel induit.
Cette application est encore expérimentale, mais il est facile d’imaginer qu’elle puisse par exemple procurer une aide à des personnes handicapées, être utilisée par un thérapeute pour rééduquer un patient ou bien encore aider à acquérir de nouvelles compétences.