Carrière de l'Aisne : l'artilleur Charles Lightfoot
Dans une carrière de l'Aisne, une inscription gravée sur une paroi a été découverte : « ici gît le sergent Smith - ainsi que 3 artilleurs - 1914 ». Les travaux archéologiques n'ont permis de retrouver qu'un seul de ces corps. Pourquoi les autres corps ont-ils été exhumés ? Grâce à l'historien Jérôme Buttet s'ouvre une autre piste de réflexion pour documenter l'histoire de ces 4 soldats britanniques. Parmi eux, l'histoire du soldat Charles Lighfoot émerge avec son passé et sa famille.
Ce film est tiré du webdoc "700 000 - À la recherche des soldats disparus de la Grande Guerre".
Réalisation : Olivier Lassu
Production : Universcience, Drôle de Trame, Narratio Films, Inrap, Pictanovo, en partenariat avec TV5 Monde, RMC Découvertes, ARAC, DMPA
Année de production : 2016
Durée : 10min43
Accessibilité : sous-titres français
Carrière de l'Aisne : l'artilleur Charles Lightfoot
700 000
Un webdocumentaire d'Olivier Lassu et Maxime Chillemi
Produit par Drôle de trame, Narratio films, Universcience, Investissements d'avenir, Pictanovo, Lille région image community, et l'Inrap
Avec la participation de TV5MONDE, RMC Découverte, du CNC, de la Fondation Carac, du ministère de la Défense, du Secrétariat général pour l'Administration, de la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives, de France Inter et du Centenaire 1914-1918
"Carrière de l'Aisne : l'artilleur Charles Lightfoot"
Jérôme Buttet, historien, membre de l'association Soissonnais 14-18.
-Alors ici, on peut voir une croix, la date, 15 septembre 1914.
"Here lies Sergeant Smith and three Gunners" de la 29e batterie du Royal Field Artillery.
Ces artilleurs sont portés disparus.
On peut supposer que ces hommes soient toujours là, sous nos pieds.
"3 mois plus tard" Gilles Prilaux, archéologue, Inrap.
-Aux alentours de cette fosse probable, il y a une multitude de trous, de creusements.
Le terrain est retourné par endroits qui sont l'œuvre de clandestins, de pilleurs malintentionnés.
Il y avait un véritable danger et une urgence qui nous amène aujourd'hui à vérifier s'il y a ou non la présence de corps britanniques dans cette fosse.
Là, si ça continue, on a une journée de terrasse.
Homme 1.
-Je sais bien.
On va ramasser tous les petits os.
Gilles Prilaux, archéologue, Inrap.
-Les corps ne sont pas là.
Homme 1.
-Ouais.
On arrive sur le fond.
Gilles Prilaux, archéologue, Inrap.
-Il y avait une fosse, effectivement, au pied de l'épitaphe.
Il y avait des restes humains au fond de cette fosse, comme le prouve la quinzaine d'ossements humains découverts qui incitent à penser qu'il y a eu exhumation des corps à la fin de la guerre, dans les années 1920.
En revanche, une autre porte s'ouvre, de réflexion.
Comment allons-nous documenter l'histoire de ce sergent Smith et de ces 3 Gunners qui l'accompagnaient ?
Qui sont-ils ?
Ils sont morts dans l'oubli.
On va essayer d'aller à leur recherche, sur leurs traces.
Narratrice.
-Partant de l'épitaphe découverte dans la carrière de l'Aisne et des vestiges mis au jour par les archéologues, l'historien Jérôme Buttet a mené l'enquête.
S'appuyant sur des archives britanniques et sur les journaux de marche du 29e régiment d'artillerie concernant ces 4 soldats disparus, leurs noms sont désormais connus.
Il s'agit du sergent John Smith et des artilleurs Frederick Henry Bliss, John Adams et Charles Lightfoot.
De ce dernier seul, des images ont pu être retrouvées.
Grâce à elles, l'histoire de Charles Lightfoot peut refaire surface.
Originaire d'Édimbourg en Écosse, Charles est issu d'une famille de 12 enfants.
Harry Lightfoot, leur père, est non-voyant et fabrique des matelas au centre pour aveugles de la ville.
Sa femme Margaret et lui resteront mariés toute leur vie, formant une famille unie.
À 19 ans, alors que Charles travaille comme mineur dans l'usine de gaz d'Édimbourg, il rencontre Netty.
Elle est domestique dans une maison bourgeoise de la ville.
Un soir, il grimpe à son balcon et la demande en mariage.
Espérant une vie meilleure, il décide de s'engager dans l'armée.
On est en 1912 lorsque le couple s'installe dans un cottage aux abords de la caserne de Topsham, au sud-ouest de l'Angleterre.
Leur vie devient plus agréable.
Charles se forme à l'artillerie avec ses nouveaux amis Smith, Adams et Bliss.
Au printemps 1914, Netty tombe enceinte.
Mais six mois plus tard, c'est la déclaration de guerre.
Charles et ses camarades sont envoyés dès les 1ers jours sur le front qui s'ouvre en France dans l'Aisne.
Le 13 septembre, l'unité de Charles, placée en arrière des lignes anglaises, doit soutenir l'attaque de son infanterie et se fait repérer par les batteries allemandes.
Le commandant de la 15e brigade d'infanterie écrit dans son journal...
Narrateur.
-"C'était de très gros obus, des Black Maria, et notre batterie avec ses canons à vache étant à découvert, prit quelque chose de sévère, perdant huit chevaux et un petit nombre d'hommes tués et blessés par un seul obus."
Narratrice.
-Un artilleur de la batterie voisine témoigne que Charles et ses camarades ont été atomisés par l'explosion.
Dans le chaos de la guerre commence un parcours funéraire ubuesque.
D'abord inhumés tous les quatre à la hâte dans une carrière, ils y sont peu à peu oubliés.
Ignorant leur sort, l'administration britannique militaire qui exige une sépulture pour chaque soldat, même disparu, leur attribue une tombe dans le cimetière de Vailly-sur-Aisne.
Ces sépultures vides portent la mention anonyme "A soldier of the Great War".
Dans les années 1920, leurs dépouilles oubliées dans la carrière sont exhumées, mais l'épitaphe n'est pas vue ou pas prise en compte, faisant à nouveau de ces soldats des inconnus.
On leur érige alors une troisième tombe, anonyme aussi, à Vailly-sur-Aisne.
Si la guerre et le sort se sont acharnés à signifier par trois fois la mort de ces soldats, heureusement, la vie n'avait pas dit son dernier mot.
Tout du moins pour Charles Lightfoot et sa femme Netty.
Voici Ginny, sur les genoux de sa mère Netty.
Un portrait emprunt de gravité, sans sourire, sans lumière.
Ginny ne connaîtra jamais son père, Charles Lightfoot, mort quelques semaines plus tôt à la guerre.
Sa mère, dévastée par la mort de son mari, a refusé durant des jours de poser le moindre regard sur elle.
Pourtant, la naissance de Ginny est une victoire de la vie, car avec elle, c'est toute une descendance qui s'est prolongée jusqu'à ce jour.
À la mort de Charles, Netty a décidé de repartir à Édimbourg.
Elle y a ouvert un magasin de tabac et bonbons, ces derniers faisant le bonheur de Ginny.
Deux ans plus tard, Netty a épousé Leonard, camarade de combat de Charles.
Témoin de sa mort, il avait, le jour même, réalisé un croquis de la scène.
Ginny grandit heureuse, héritant de sa mère le goût des fleurs et du jardinage.
Devenue une jeune femme, elle est à son tour une mère, celle de Sue, petite-fille de Charles.
Sue est elle-même devenue une jeune fille et une mère.
Aux archéologues, nous devons d'avoir retrouvé le corps de Charles.
À Netty, puis aujourd'hui à Sue, nous devons le témoignage de l'histoire de Charles et de ses descendants.
"Carrière utilisée comme base de repos, successivement occupée par les Allemands, les Français et les Américains.
Des traces pariétales exceptionnelles en témoignent."
Gilles Chauwin, président de l'association Chemin des Dames.
-Ces pièces-là étaient occupées.
Tu vois les inscriptions de chasseurs allemands de 1915.
Juste à côté à gauche, c'est pas courant, "Théoleyre Pierre du 72e régiment d'infanterie, 1917".
C'est quand même une marque de respect de...
Gilles Prilaux, archéologue, Inrap.
-J'ai vu ça dans beaucoup de lieux souterrains, amis comme ennemis, c'est ce respect, quand même.
Là, les Allemands sont restés trois ans.
Gilles Chauwin, président de l'association Chemin des Dames.
-Trois ans, oui.
Et ici, cette petite tête d'infirmière, ça devait être essentiel d'avoir un visage féminin en face de soi.
Attention la tête.
Là, c'est américain.
La tête de mort.
Le nom est martelé dans le fond.
Gilles Prilaux, archéologue, Inrap.
-Oui, piqueté, volontairement.
Gilles Chauwin, président de l'association Chemin des Dames puis Gilles Prilaux, archéologue.
-Oui.
-C'est joli.
Ce qui me frappe, c'est cette volonté d'ancrer dans le mur sa trace.
Gilles Chauwin, président de l'association Chemin des Dames.
-Oui.
On a l'appréhension de la mort.
Un des premiers Américains décédés sur le Chemin des Dames, c'est un petit cousin de Buffalo Bill, appelé Cody Bentley.
La représentation en gladiateur d'Alfred Swanson.
Côté allemand, on a cette devise "Ave Caesar morituri te salutant".
"Ave Cesar, ceux qui vont mourir te saluent."
Ils ne se voyaient déjà plus là.
On a une belle tête d'Indien aussi, par ici.
Gilles Prilaux, archéologue, Inrap.
-Elle est jolie, celle-là.
Il a d'abord fait un profil, il a mis du noir et il a fait des enlèvements.
C'est déjà un peu maîtrisé.
Gilles Chauwin, président de l'association Chemin des Dames.
-Là, on a cette sentinelle, avec ce campement de tentes.
C'est juste un coup de crayon.
Avec le chapeau de campagne, le fusil sur l'épaule et les tentes.
C'est tout simple.
Notre boit-sans-soif du 64e d'infanterie.
Il est superbe.
Plein d'autodérision.
Et la moustache, c'est essentiel.
À l'époque, si on n'a pas de moustache, on n'est pas un homme.
On n'a pas le droit d'être officier, même.
Par contre, là, il y a une préparation, un dessin d'un soldat français.
Gilles Prilaux, archéologue puis Gilles Chauwin, président de l'association Chemin des Dames.
-C'est un boit-sans-soif aussi.
-Oui.
Ce qui est étonnant, c'est la légende.
Gilles Prilaux, archéologue, Inrap.
-"Le visage".
Pourquoi marquer "Le visage" ?
Auteur et réalisateur : Olivier Lassu
Directeur artistique : Maxime Chillemi
Productrices : Virginie Adoutte et Audrey Ferrarese
Directeur de production : Malik Menaï
Directrice des productions : Claire Lebouteiller
Architecture & Développement Web : FuzzyFrequency – Guillaume Libersat
Développement API Backend : FuzzyFrequency – Olivier Cortes
Cheffe de projet : Sophie Chauvin
Conseiller scientifique : Gilles Prilaux, Inrap
Monteur des films : Cyril Letellier
Chef opérateur image : Olivier Lassu
Images additionnelles : Hervé Glabeck, Jean-Bernard Mercier
Chefs opérateurs son : Samuel Abraham, Florent Blanchard, Nicolas Samarine, Laurent Thirion, Brice Bertrand
Assistants lumière : Xavier-Emmanuel Lesage, sacha Kammermann
Assistant monteur et truqueur : Robin Gaussé
Mixeur : Maxence Ciekawy
Assistant son : Pierre George
Étalonneur : Baptiste Evard
Monteur additionnel : Anthony Verpoort
Assistante de production : Merryl Roche
Administratrice de production : Nathalie Karp
Documentalistes et enquêtrices en Allemagne : Nathalie Rosenblum et Catherine Bihan – Doc’Addict
Prises de vues aériennes : Denis Gliksman
Comédiens voix : Julie Pouillon et Christophe Reymond
Assistante réalisation : Gaëlle Girard
Traductrice : Ruxandra Annonier
Graphiste print : Nolwenn Guény
Stagiaire : Camille Beaudelot
Moyens techniques : Alive Events, Authot, Le Fresnoy, Gorgone Productions, La Grange Numérique, La Prod du Sud, Samedi 14, Studio Collet
Musique originale : Nicolas Devos et Pénélope Michel
Musiques additionnelles : Cezame Music Agency
Archives : Collections Jens Arndt – Collections BDIC – Bundesarchiv Berlin / Transit Film GmbH – Deutsches Pferdemuseum, Verden – ECPAD/France/SCA/réalisateur inconnu/1915-1918 –Adrien Fanget – German Federal Archives, Film Collection/Transit Film GmbH – Bundesarchiv, Abt. Filmarchiv « Ein Kampftag in der Champagne 1917 » - Grimsby Library Local History Collection – The Grimsby Telegraph – Collection Sue Kruk – Huntley Film Archives Ltd – INRAP – IMPERIAL WAR MUSEUMS – IWM CO 2533 / IWM Q 5099 / IWM Q 5098 / IWM Q 913 / IWM Q 5100 – Fonds documentaire Alain Jacques – Service archéologique d’Arras – Jean-Luc Letho-Duclos pour le Service d’archéologie d’Arras et l’INRAP – LCC County Heritage Service, Royal Lincolnshire Regimental Collection – Collection Lobster Films – Collection Éric Marchal – DR / Proscot PR company, Leith, Edinburgh – Fritz Reinhardt / Collection Jean-Pierre Ducreux – Chistoph Runge / Wikipedia Commons – Collection Christian Seelmeyer – Ville de Polle, Allemagne
© Droits réservés
Une coproduction
Drôle de Trame :
Virignie Adoutte, Claire Lebouteiller, Corinne Planchais
Narratio Films :
Audrey Ferrarese, Malik Menaï, Maurice Ribière
INRAP :
Direction du développement culturel et de la communication : Théresia Duvernat, David Raynal
Production audiovisuelle et multimédia : Marine Dubois
Pictanovo :
Dans le cadre du Fonds « Expérience Interactives »
Avec le soutien de la Région Nord-Pas de Calais – Picardie, de la Métropole Européenne de Lille, du Centre National de la Cinématographie et de l’Imagr Animée.
Universcience :
Responsable des programmes : Alain Labouze
Production : Ghislaine Mouton
Avec la participation de l’AMCSTI
Avec le soutien d’Investissements d’Avenir
Avec la participation de :
TV5MONDE www.tv5monde.com
Direction du numérique : Héléne Zemmour, Cécile Quéniart, David Gueye
RMC Découverte
Directrice de l’antenne et des programmes : Guenaëlle Troly
Responsable de l’antenne et des productions : Rodolphe Guignard
Responsable web et partenariat : Pierre Sedze
Centre national du cinéma et de l’image animée
Ministère de la Défense, Secrétariat Général pour l'Administration, Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives (DMPA)
Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale
Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Carac
Remerciements : Jérôme Allard, Pauline Augrain, Anne Charlotte Baudry, Marianne Béarez, Estelle Bénistant, Valérie Chopin, Anaëlle Cormier, Quentin Denimal, Guy Flucher, Philippe Fréville, Véronique Gallien, Pascal Garnotel, Éric Gleizer, Historisches Museum « Domherrenhaus », Verden, Patrick Huard, Frank Lesjean, Mireille Lorant, Antonin Lothe, Nathalie Mamosa, Dominique Massot, Florent Maurin, Ania Mehanni, Olivier Montels, Christophe Parre, Lior Rosenblum, Bruno Smadja – Cross Video Days, Mahaut Tyrell, Gilles Varin, Fréderic Vermeersch, Webprogram festival, Jean-Hervé Yvinec, Christine Zins / Samtgemeinde Bodenwerder-Polle
© Drôle de Trame & Narration Films – Universcience – Inrap – Pictanovo - 2016
Réalisation : Olivier Lassu
Production : Universcience, Drôle de Trame, Narratio Films, Inrap, Pictanovo, en partenariat avec TV5 Monde, RMC Découvertes, ARAC, DMPA
Année de production : 2016
Durée : 10min43
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