De la roue de vélo à la relativité des savoirs
Quand on fait du vélo, on voit bien la valve de la chambre à air qui tourne autour de l’axe. Mais il faut que je vous confie une chose : cette roue ne tourne pas rond ! Et pour en avoir le cœur net, nous allons prendre une photo.
Habituellement une photo dure entre 1 et 100 millièmes de seconde. C’est la durée pendant laquelle l’obturateur est ouvert pour que le capteur récupère la lumière.
Ici je veux enregistrer la trajectoire de la roue de vélo, j’ai besoin d’une photo plus longue. Pour éviter de saturer le capteur de lumière, nous allons plonger la pièce dans le noir.
Je vais mettre des petites lampes clignotantes sur la roue. On pourra donc les suivre pendant toute la durée de la photo. Et comme la roue n’émet pas de lumière, on va envoyer un coup de flash juste avant que l’obturateur ne se referme.
Nous voilà dans le noir, et voilà ce que voit la caméra vidéo. Les lumières clignotantes et le coup de flash final.
Par traitement informatique en additionnant chaque image de la caméra, nous pouvons simuler comment l’appareil photo intègre la lumière au cours des 8 secondes de la pose.
J’ai refait l’expérience sur mon vélo et voici ce qu’a capté mon appareil photo lors d’une pose de 2 secondes.
On voit que chaque point de la roue décrit une trajectoire en forme de ponts. Elle s’appelle la cycloïde. Pour autant, depuis ma selle je voyais bien les lampes qui décrivaient une trajectoire circulaire. Selon l’observateur, qu’il soit sur le bord de la rue ou sur le vélo, on interprète le phénomène de deux manières complètement différentes. En science, cela s’explique par la notion de référentiel.
Et alors ?
C’est comme si lors d’une discussion, une personne disait que j’avais tort. Qu’elle prenne ma place, elle verrait bien qu’elle aussi a tort ! En fait on a tous les deux raisons, mais d’un point de vue différent. C’est pour cela que j’ai appelé cette photographie la relativité des savoirs.
Et vous, qu’imaginez-vous ?