Narratrice.
-1846, la maternité de l'hôpital de Vienne a très mauvaise réputation.
Beaucoup de femmes y meurent en couches, d'une maladie qu'on connaît mal : la fièvre puerpérale.
Ignaz Semmelweis, alors assistant, décide de l'étudier scientifiquement.
La maternité comporte deux cliniques : une où travaillent les étudiants et l'autre où seules des sages-femmes procèdent aux accouchements.
Quand les étudiants opèrent, une femme sur cinq meurt en couches.
Quand ce sont les sages-femmes, c'est seulement une sur trente.
Semmelweis fait des statistiques et émet des hypothèses pour l'expliquer.
La plus évidente est alors celle de l'existence de miasmes mortels.
"Impossible, affirme-t-il, les deux cliniques seraient touchées." Est-ce la surpopulation ?
La position lors de l'accouchement ?
La position du bébé ?
Aucune explication ne résiste à ces statistiques.
Ce que montrent les chiffres, rien ne peut l'expliquer.
L'année suivante, un professeur d'anatomie meurt après s'être blessé avec un bistouri en disséquant un cadavre.
L'autopsie révèle une infection identique à celle des femmes mortes en couches.
Narrateur.
-Totalement ébranlé, je pensais sans cesse et intensément à ce cas, quand, tout à coup, une idée me traversa l'esprit.
La fièvre puerpérale et la mort du professeur Kolletschka étaient une seule et même chose.
Puisque l'inoculation de particules de cadavres avait provoqué l'altération septique, la fièvre puerpérale devait avoir la même origine.
Ces particules étaient apportées dans les salles tout simplement par les mains des étudiants et des médecins.
Narratrice.
-Semmelweis impose alors le lavage des mains à l'eau chlorée entre la salle d'autopsie et celle d'accouchement.
Le taux de mortalité est divisé par dix.
La mort a perdu une bataille.
Semmelweis vient de découvrir l'asepsie.
On peut éviter la transmission de maladies par de simples mesures d'hygiène.
Vingt ans plus tard, sa découverte sera expliquée par Louis Pasteur.
L'asepsie deviendra rapidement une évidence pour le plus simple des actes médicaux.