Escrime, natation, saut d'obstacle, course et tir. C'est le pentathlon moderne. La discipline olympique par excellence, introduite par le baron Pierre de Coubertin dès 1912. Aujourd'hui, le Laser Run, son épreuve finale, combine le tir au pistolet et la course à pied. Cette épreuve est cruciale. Une fois tenu compte des résultats aux épreuves antérieures, le premier à franchir la ligne d'arrivée au Laser Run, remporte la médaille d'or du pentathlon moderne. Question donc pour les athlètes et leurs entraîneurs : Dans toute l'histoire du pentathlon moderne aux JO, une seule Française est montée sur le podium en individuel. Élodie Clouvel, médaille d'argent en 2016. Y aura-t-il d'autres Français en 2024 ? Rendez-vous près de Paris, au bois de Vincennes. C'est à l'INSEP, l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance, que Brice Loubet s'entraîne. Il fréquente assidûment, avec Jean-Maxence Berrou, son entraîneur, le temple du sport de haut niveau. Ancien étudiant en physique-chimie, ce compétiteur possible aux prochains JO, s'est porté volontaire pour participer à un projet de recherche avec l'École polytechnique sur l'épreuve du Laser Run. L'épreuve de Laser Run, c'est la spécificité du pentathlon. C'est la combinaison et l'alternance de séquences de tir au pistolet à laser et de séquences de course à pied. Plus précisément, le pentathlète doit réaliser une séquence de tirs, toucher cinq fois la cible, faire un 800 mètres et enchaîner ça quatre fois. L'athlète dispose d'un temps maximal de 50 secondes pour réussir ses cinq tirs, quitte à recommencer à plusieurs reprises. Il doit donc tirer vite et bien, mais comment ? C'est ainsi que Brice fait la connaissance de Tom Maddalena, doctorant au laboratoire d'hydrodynamique de l'École polytechnique. Arbalète, arc, pistolet, Tom passe tous les sports de tir à la moulinette des dures lois de la physique. Et se passionne pour ce nouveau défi, le Laser Run. Il y a deux stratégies possibles : soit on décide de tirer lentement et dans ce cas, on est précis mais on perd du temps, soit on décide de tirer très vite et dans ce cas on perd du temps parce qu'on rate des tirs. Donc, assez intuitivement, on se rend compte qu'il y a un compromis à trouver entre vitesse et précision. Avec Tom et Polytechnique, on a étudié le meilleur compromis possible vitesse / précision. C'est important parce que ça permet de donner des indications concrètes, factuelles à un entraîneur et aux athlètes et donner des pistes de travail pour évoluer par la suite, toujours dans cette quête de performance et de haute performance sportive. Le dispositif de recherche est très simple. Avec deux caméras, l'une pour filmer les gestes de Brice et l'autre pour relever les tirs ratés et les tirs réussis. Au final, Tom dresse une courbe qui synthétise les résultats. En abscisse, la cadence de tir et en ordonnée, la précision. Au rythme ultra rapide de 1,2 secondes, la précision est en bas de la courbe, proche de zéro. En ralentissant le rythme, la précision atteint 95 % de réussite, autour de 2 secondes. Au-delà, ralentir encore la cadence n'améliore pas la précision. Un plateau est atteint. On voulait aller au-delà du temps que tu pensais faire, pousser à l'extrême. On t'a fait tirer toutes les 1,2 secondes, je crois. Tu avais à peine le temps de lever et baisser le bras. Ça, on n'avait jamais testé, même déjà en dessous de 1,6 on n'avait jamais testé. 1,6 secondes entre chaque coup, c'est très, très rapide. On avait rarement même imaginé que ce soit possible. Mais en le travaillant, on se dit que ça peut être possible, grâce aux recherches qu'on a faites. Inversement, on t'avait fait tirer toutes les 5 secondes, et là tu disais que c'était absurde. Oui, ça n'a pas de sens, les plus lents vont à 2,5. En procédant à des mesures ultra précises et systématiques, la recherche de Tom a bousculé les habitudes de Brice. 2 secondes, c'est le temps optimal que j'ai maintenant. Au départ, quand j'ai démarré avec Tom, j'étais plus aux alentours de 2,2 / 2,3. Et au fur et à mesure, par le travail, eux m'ont dit que je pouvais avoir la même efficacité en tirant à 2,0 / 2,1. Je me suis dit, pourquoi me priver d'accélérer mon tir, dans ce cas ? Donc j'ai travaillé pour accélérer et maintenant, je suis avec la même efficacité, voire une meilleure efficacité en allant plus vite. Donc forcément, je gagne du temps sur le tir. Car la tendance aujourd'hui est bien à l'accélération. À l'image de ce jeune Égyptien, Ahmed Elgendy, champion du monde jeune et junior aux JO de la jeunesse en 2018, qui tire à 1,5 secondes seulement. Un défi lancé aux autres pentathlètes dont Brice lui-même, qui aimerait bien gagner quelques précieux dixièmes de secondes sur le pas de tir et améliorer ainsi ses chances de participer aux prochaines rencontres olympiques.