- Moi, c'est Clémentine. - Moi, c'est Adrien. - On est tous les deux passionnés d'aviation. - Et aussi de voyage ! - On a décidé de parcourir la planète... - Pour mieux la comprendre et essayer de nous rendre utiles. - Nous voilà donc embarqués dans un tour du monde en 14 mois, à bord de notre avion ultra léger. - L'objectif ? Rencontrer des scientifiques aux quatre coins du globe... -... participer à leurs recherches sur le terrain et leur apporter un appui aérien. Aujourd'hui, au sud-est de l'Australie, à une centaine de kilomètres de Melbourne, nous allons prêter main-forte à un biologiste, spécialiste des manchots. L' Australie, séparée des autres continents depuis 45 millions d'années, renferme une faune extraordinaire, un véritable éventail d'espèces dont certaines n'existent nulle part ailleurs. Sur ce continent, 15 fois plus vaste que le territoire français, de nombreuses réserves naturelles sont spécialement dédiées à la sauvegarde et à l'observation de cette biodiversité. C'est le cas du Parc national de Phillip Island, où nous nous rendons justement. - Alors là, notre caméra, elle ressemble beaucoup à la première, et notre appareil photo, ressemble beaucoup au deuxième. Ce n'est pas très discret ! Mais on va expliquer que notre caméra est infrarouge, et normalement, ça intéresse les scientifiques. Enfin, c'est ce qu'ils nous ont dit, c'est pour cela qu'on est là, quand même ! Nous avons rendez-vous avec le Dr. André Chiaradia. Véritable passionné de la vie marine, cet océanographe étudie depuis de longues années une espèce étonnante : le manchot pygmée. Mesurant à peine 30 cm de haut et ne pesant guère plus d' 1Kg, ces drôles d'oiseaux au plumage bleuté, sont la plus petite espèce de manchots de la planète. Ils vivent exclusivement ici, le long des côtes australiennes et néo-zélandaises. - Les manchots que nous avons en Australie sont totalement nocturnes, ils débarquent sur le rivage la nuit après le coucher du soleil, et ils repartent en mer, juste avant que le soleil ne se lève. Ces manchots passent en effet 80 % de leur temps en pleine mer. Ils rejoignent la terre ferme uniquement pour se reproduire, construire leur nid et nourrir leurs petits. Chaque jour, à la tombée de la nuit, des centaines de manchots pygmées débarquent ainsi sur les plages australiennes. De nombreux touristes se pressent alors derrière des palissades pour admirer cette étonnante parade, sans déranger la colonie. Au milieu des badauds, les biologistes réalisent, quant à eux, des séries de mesures : les manchots sont pesés, mesurés, et ils se voient implanter une puce électronique sous la peau, et une balise GPS sur le dos. Grâce à ces appareils, les chercheurs peuvent suivre les animaux en temps réel et étudier leur comportement lorsqu'ils rejoignent l'océan. - Ces balises possèdent des capteurs spéciaux, qui nous montrent à quelle profondeur ils plongent, combien de plongées ils réalisent par jour, et avec ces informations, on sait comment ils vivent en pleine mer. Les manchots se révèlent en plus d'excellents indicateurs de la vie marine et de l'état de santé de l'océan. - En analysant leur mode de vie sous l'eau, on évalue l'état de santé de l'environnement marin. S'ils arrivent à trouver beaucoup de poissons, cela veut dire que l'océan se porte bien. S'ils n'arrivent pas à trouver assez de nourriture, cela veut dire que quelque chose ne va pas pour les manchots au large. Pour suivre au quotidien l'évolution du poids des membres de la colonie, André a mis au point un système ingénieux : une balance, placée dans un petit tunnel, et installée au beau milieu du chemin que les manchots empruntent, pour rejoindre leur nid. - Quand les manchots passent sur la balance, cela nous donne leur poids et l'heure à laquelle ils sont passés. Le système reconnaît chaque individu grâce à la micro-puce qu'il a sous la peau. Donc on sait exactement quel manchot est passé ou non. On en déduit alors la fréquence à laquelle ils viennent sur le rivage, et la quantité de nourriture qu'ils apportent à leurs poussins. C'est un peu comme un programme d'amaigrissement, on contrôle le poids des manchots. André nous explique alors le but de notre venue. Exceptionnellement, notre avion ne fera pas partie de la mission, notre principal outil sera le matériel de prise de vues nocturnes que nous avons embarqué : notre caméra infrarouge. Jusqu'à présent, les scientifiques ont en effet toujours filmé les manchots à la lueur des lampes-torches, des lumières artificielles, qui perturbent légèrement leurs habitudes nocturnes. L'infrarouge offre donc l'opportunité unique d'observer des comportements parfaitement naturels. - La balance est un ordinateur : on récolte juste des chiffres, et parfois les enregistrements sont bizarres, mais on ne sait pas précisément ce qu'il s'est passé. Donc si on pouvait avoir des images, leurs passages sur la balance, cela nous permettrait de faire correspondre les chiffres avec les images. Et du coup, cela nous serait utile pour mieux interpréter les données recueillies. A la nuit tombée, nous nous plaçons dans un endroit stratégique surplombant la fameuse balance. Après avoir attendu quelques minutes, les premiers manchots commencent à pointer le bout de leur bec ... - Ah ! Il y en a un qui est en train de traverser le pont ! Les heures défilent, et les manchots ne cessent d'aller et venir, nous passerons finalement toute la nuit cachés dans le noir pour enregistrer les moindres faits et gestes de la colonie. Le lendemain matin, alors que nos petits compagnons ont pris le large, nous retrouvons André pour lui montrer notre moisson d'images. - Regarde ça ! Ce manchot va dans un sens, et l'autre dans le mauvais sens. Tu vois ?... Juste au niveau de la balance... D'habitude, quand on n'a pas ces images, on ne peut pas voir réellement ce qu'il se passe. Regarde ! Il y en a un qui essaie de partir dans le mauvais sens. On dirait qu'il est coincé. En analysant ces nombreuses images, et en les comparant aux données dont il dispose déjà, André pourra bientôt mieux connaître les habitudes de chaque individu. Après avoir passé trois autres nuits à filmer les déambulations nocturnes de ces oiseaux marins, il est temps pour nous de continuer notre chemin, et de décoller vers de nouvelles aventures. Nous quittons André et ses manchots pygmées, et nous espérons que ces derniers continueront encore longtemps de fouler chaque nuit les plages australiennes.