Herschel... Herschel... Si ce nom vous dit quelque chose, fouillez du côté d’Uranus et DE son découvreur, le Sir William, astronome attitré du roi d’Angleterre, ou bien des télescopes terrestre et spatiaux baptisés en son honneur. Pour les mordus d’astronomie, le prénom Caroline frétillera au creux de l’oreille. Plus connue sous les appellations « soeur de » ou « collaboratrice de », cette cendrillon au physique ingrat est pourtant la première femme scientifique professionnelle de l’histoire. L’affaire était plutôt mal partie. Née en 1750 à Hanovre dans une famille de musiciens, Caroline Herschel est raflée par la variole à l’âge de 3 ans, suivie du Typhus à dix ans. Ces maladies lui laissent une plastique épouvantable : des cicatrices lui tailladent le visage et elle ne dépasse pas les un mètre trente. Du coup, sa mère l’utilisa comme bonne à rien et à tout faire, s’opposant à lui donner la moindre éducation. Une cendrillon gratis que, vu sa trogne, personne ne viendra sortir du trou. A la mort du paternel, le grand frère William, qui fait carrière dans la musique à Bath en Angleterre, l’arrache à 22 ans à l’enfer familial pour l’installer chez lui. Elle y sera promue « gouvernante », prendra des cours de chant et aura droit de camper dans le grenier. Cornélie : « Caroline en gouvernante, Caroline apprend la musique, Caroline heureuse dans son grenier…mais, ça ressemble pas à une vieille BD ça ? » Orféo : « Oui sauf que c’est pas Caroline, c’est Martine, on touche pas à Martine ! » Caroline se battit une petite réputation de soprano mais William la réclame pour l’assister à sa passion : percer les profondeurs du Cosmos. Il lui apprend l’algèbre, la géométrie et la trigonométrie, en échange de quoi la domestique l’aide dans ses calculs, tient son catalogue d’observation et passe de longues heures à polir les miroirs des télescopes. Un brin amer, Caroline écrira dans ses mémoires : « J’ai fait pour mon frère ce qu’un chiot bien dressé aurait accompli, à savoir m’exécuter sur tout ce qu’il me commandait ». En 1781, William découvre la planète Uranus, reculée dans le Système Solaire. La nouvelle star devient l’astronome attitré du Roi Georges III, et la désormais vieille fille doit attendre les absences répétées du maître de maison pour utiliser les télescopes. Elle commence par débusquer des nébuleuses, puis huit comètes, des objets très à la mode à l’époque. Impressionné par ses travaux, le roi lui accorde à 46 ans une pension de 50 livres annuels en tant qu’«assistante du Sir William». C’est la première fois que dans l’Histoire des Sciences une femme est officiellement reconnue. Mais les vieilles habitudes sont tenaces. Pour vérifier certains résultats, William souhaite par exemple indexer toutes les étoiles observées par l’astronome John Flamsteed. Orféo : « Un, deux, trois, quatre…Caroline tu peux venir voir s’il te plait ? » La tâche est ingrate et prend du temps. C’est donc l’éternelle bobonne qui s’y colle, et publie à la Royal Society le Catalogue des Etoiles en 1798. Cornélia : « 8999… 9000 pffff… » Le travail de Caroline Herschel ne s’arrêtera plus jusqu’à sa mort, à l’âge de 97 ans. Elle reçut de son vivant les trophées les plus prestigieux et devint la première femme membre de la Royal Astronomical Society. Avant de laisser à la postérité le titre de « soeur de ».