Imaginez une pâte à biscuit truffée de pépites de chocolat. En cuisant, la pâte gonfle et les pépites s’éloignent les unes des autres. Maintenant, supposez que cette pâte, c’est notre univers : le gonflement de la pâte offre l’image d’un phénomène bien connu des astrophysiciens, l’expansion de l’univers ; et l’éloignement des pépites, celui des galaxies les unes par rapport aux autres. Mais une énigme tarabuste les scientifiques depuis plusieurs décennies. Les observations directes du taux d’expansion de l’univers, qu’on appelle la « constante de Hubble », contredisent les prédictions théoriques. Plus précisément, l’observation révèle une accélération supérieure à celle prévue par la théorie cosmologique. Pour expliquer cet écart, appelé « tension de Hubble », on a parfois mis en cause l’imperfection des mesures réalisées par les instruments d’observation, en particulier le télescope spatial Hubble. Cette hypothèse vient d’être balayée de manière semble-t-il définitive. Selon une toute récente étude, les observations du télescope spatial James Webb confirment en effet parfaitement celles de son aîné Hubble. L’étude a porté sur plusieurs types d’astres : des étoiles riches en carbone, des géantes rouges et ce qu’on appelle les « étoiles variables céphéides », des géantes ou supergéantes jaunes. Elles sont visibles ici, à droite observées par Hubble, brouillées par des poussières et à gauche, dans la meilleure résolution offerte par le télescope spatial James Webb, centré sur l’infrarouge. L'auteur principal de l’étude n’est autre que l’astrophysicien américain Adam Riess, le Nobel de physique 2011. Ses conclusions sont claires : « Nous pouvons désormais exclure une erreur de mesure comme cause de la tension de Hubble. Ce qui reste est la possibilité réelle et passionnante que nous ayons mal compris l’Univers ». Alors, certes, la valeur exacte de la constante de Hubble n’a pas d’incidence sur notre galaxie, notre Système solaire ou notre bonne vieille Terre. Mais elle constitue une valeur clé pour cartographier l’univers et retracer son histoire depuis le big bang, il y a 13 à 14 milliards d’années. Pour expliquer les écarts de chiffres, les théoriciens peuvent donc continuer à s’en donner à cœur joie, en explorant le rôle de la matière noire, de l’énergie sombre, de champs magnétiques primordiaux ou de particules exotiques. En attendant, espérons-le, un jour, la résolution d’une des grandes énigmes cosmologiques de notre temps.
Réalisation :
Barbara Vignaux
Production :
Universcience
Année de production :
2024
Accessibilité :
sous-titres français