CLIMAT - Plus de foudre en Arctique dans le futur ? En 2019, le service météorologique national de l'Alaska annonce pour la première fois que la foudre est tombée à moins de 500 km du pôle Nord ! C’est exceptionnel, car normalement, il n’y a jamais d’orage aussi près du pôle. Et plus bas, dans les régions arctiques, les orages sont extrêmement rares. Enfin, pour le moment… Une équipe dirigée par l'Université de Californie a tenté de modéliser comment l’activité électrique de l’atmosphère allait évoluer dans les régions circumpolaires d’Amérique du Nord et d’Eurasie. Ils ont examiné des images satellites de la Nasa acquises durant les 20 dernières années, et ont couplé cette analyse avec les scenarios climatiques les plus pessimistes. Dans un climat qui se réchaufferait à l’extrême, les chercheurs prévoient une augmentation significative de la convection atmosphérique dans les hautes latitudes, et par conséquent, des orages beaucoup plus fréquents. Si rien n’est fait pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, et donc le réchauffement climatique, leur modèle prédit un doublement des impacts de foudre sur les terres nordiques d'ici à la fin du siècle ! Soit, il y aura plus d’orages autour du pôle Nord. Et alors ? Et bien ce n’est pas vraiment une bonne nouvelle, si l’on considère les risques d’incendie que cela fait peser sur les forêts boréales, la toundra et la taïga arctiques… En effet, l’équipe a relevé qu’en 2015, une année extrême pour les feux de forêt en Alaska, c’était bien la foudre qui avait été responsable du nombre record d'incendies. Et pour les zones arctiques les plus reculées, où l’homme est quasiment absent, la foudre semble bien la seule cause possible de départs de feu… Orages + sécheresse, c’est ensuite la pire association possible, comme lors des été 2019 et 2020 qui ont battu des records absolus de chaleur en Arctique : les flammes ont ravagé des milliers d’hectares… En un mois, on estime que ces incendies ont émis l’équivalent de 56 mégatonnes de dioxyde de carbone, ainsi que des quantités considérables de monoxyde de carbone et de particules fines. Et selon l’étude californienne, d’autres effets délétères dus à l’embrasement de l’Arctique pourraient se produire en cascade… En détruisant la végétation basse, les incendies pourraient favoriser la pousse d’arbres plus au Nord, agrandissant les surfaces forestières, qui absorbent d’avantage l'énergie solaire au lieu de la renvoyer vers l’espace. De même, le feu pourrait détruire le couvert organique qui isole le permafrost, le sol gelé en profondeur, accélérant ainsi sa disparition…
Réalisation :
Yseult Berger
Production :
Universcience
Année de production :
2021
Durée :
3min01
Accessibilité :
sous-titres français