- Les inondations ne se produisent pas de la même manière suivant les territoires. Le phénomène caractéristique que nous avons dans le Pas de Calais actuellement, c'est que les sols sont complètement saturés en eau, tous les sols sont détrempés, que tous les petits cours d'eau débordent et que la moindre goutte d'eau qui tombe sur le sol ne peut plus s'infiltrer, ruisselle, et alimente à nouveau les cours d'eau, ce qui entraîne des crues supplémentaires. En un mois, il est tombé 4 fois plus que ce qui tombe habituellement au mois de novembre, qui, d'habitude, est déjà le mois le plus arrosé de l'année. Dans les Bouches du Rhône, et les départements plus du Sud, nous avons des pentes qui sont souvent beaucoup plus fortes et donc l'eau ruisselle immédiatement et stagne beaucoup moins. Donc ce n'est pas le même phénomène mais, par contre, des crues très importantes peuvent se produire aussi dans d'autres départements. En Île-de-France, la situation est un peu différente : nous avons quelques cours d'eau qui sont de taille réduite, où nous pouvons avoir aussi des zones d'inondation, de saturation des sols, qui vont faire réagir aussi les petits cours d'eau, mais les grands cours d'eau - en Île-de-France, on pense à la Seine, la Marne, au Loing - tous ces grands cours d'eau qui ont des bassins versants beaucoup plus grands et qui sont plus alimentés par des successions d'événements pluvieux qui se produisent sur l'ensemble du bassin versant. Les réactions sont plus lentes : la montée est plus franche et redescend beaucoup plus lentement aussi. Le réseau "Vigicrues" existe depuis une vingtaine d'années. On ne peut pas dire que sur notre réseau, on ait pu voir une aggravation. Pour avoir des informations précises, il faudrait plutôt s'adresser à des climatologues, qui permettraient de regarder sur une période un peu plus grande. Ce que l'on peut savoir avec le changement climatique, de manière certaine, c'est que, pour les cours d'eau proches de la mer, le fait d'avoir une surélévation du niveau de la mer, va gêner l'écoulement de ces cours d'eau et va donc aggraver les inondations sur ces secteurs là. De même, nous allons avoir des précipitations qui sont plus intenses avec le changement climatique. Et là, cette aggravation de l'intensité des phénomènes va jouer fortement pour la quantité de précipitations, va jouer sur le ruissellement, et va sans doute aussi jouer sur des petits cours d'eau. Pour les grands cours d'eau, il faut vraiment demander à des climatologues quelle est l'évolution qui est envisagée actuellement . La prévision des inondations s'est fortement améliorée depuis 20 ans, et nous avons plusieurs systèmes qui sont en place : tout d'abord la vigilance. La "vigilance crue" existe depuis 2006. Grâce à l'amélioration des prévisions météo et grâce aussi à l'amélioration des modèles que nous utilisons, nous avons pu avoir plus d'anticipation et ces modèles-là ont fortement évolué, donc nos prévisions sont quand même beaucoup plus fiables que ce qu'elles pouvaient être avant. Et, par ailleurs, nous avons aussi développé des cartographies de zones d'inondation potentielle : ces cartographies permettent de déterminer quelles sont les zones qui vont être inondées, en fonction des hauteurs d'eau qui sont prévues. Nous avons développé aussi un site qui s'appelle "repères de crue" qui est un site collaboratif et ouvert au public et qui permet de donner des informations sur les plus hautes eaux qui sont atteintes lorsque nous avons une crue. Actuellement, il y a plus de 74 000 repères qui existent sur ce site. Nous continuons d'améliorer nos prévisions. On essaie d'utiliser aussi des techniques d'intelligence artificielle pour les améliorer. Mais le problème de l'intelligence artificielle, c'est qu'elle fonctionne bien quand c'est sur des scénarios qu'elle a déjà appris, mais, quand on a un phénomène exceptionnel l'intelligence artificielle ne marche pas bien.