À Lyon, Walter Schoch sort d’un lourd combat… À 58 ans, le voilà guéri d’un cancer de la vessie. Celui-ci lui a été diagnostiqué en 2015, suite à l’apparition de sang dans ses urines. - Le mien était à un stade très avancé. Quand on commence à vous parler d'ablation de la vessie, qu'on vous explique les conséquences, évidemment, ça donne à réfléchir immédiatement sur ce qu'est votre vie aujourd'hui et ce que sera votre vie demain. Ce cancer touche principalement les hommes. Pour le détecter, seule une caméra insérée dans la vessie permet d’observer les tumeurs. C’est ce qu’on appelle une fibroscopie. Un examen invasif, parfois douloureux, qui rebute de nombreux patients. - J'ai traîné trop pour faire ce premier examen, et prendre rendez-vous chez un urologue. Probablement, s'il y avait eu des tests plus faciles à faire que cet acte de prendre rendez-vous avec un urologue et de passer cette fibroscopie, peut-être que je l'aurais détecté beaucoup plus tôt, et qu'il aurait été soigné de manière moins invasive, et avec moins de risques. Et si demain ce cancer était détecté par un simple test urinaire ? Toujours à Lyon, l’idée est développée au centre international de recherche sur le cancer par Florence Le Calvez. - On peut récupérer de l'urine facilement chez les patients. Cette urine étant en contact direct avec les cellules de la vessie, quand il y a présence d'une tumeur, les cellules vont se retrouver dans l'urine. En touchant la vessie, l’urine récolte les cellules, mais aussi leur carte d’identité grâce à l’ADN. Si certaines cellules sont malades, des mutations sont alors visibles sur un gène en particulier. Quand on contient le biomarqueur positif, c'est-à-dire ces alterations génétiques, on peut dire qu'il y aurait présence de cancer de la vessie. Dans une première étude menée en France, les chercheurs ont détecté le cancer de personnes malades à 87 %. Mais ils sont allés encore plus loin … À 5000 Km de là, Téhéran, la capitale iranienne. Ici, les scientifiques lyonnais ont pu accéder à une banque d’échantillons d’urine d’un très grand nombre de personnes. - Cette étude a été menée de 2004 à 2008. L’étude a sollicité 50 000 personnes. Elles ont été suivies pendant 15 ans pour voir si elles développaient différentes maladies dont les cancers. Le plus important dans cette étude, c’est que lors du recrutement on leur a posé une série de questions, on a relevé des échantillons de sang et d’urine. Toutes ces personnes, au moment du recrutement, n’avait aucune maladie, aucun cancer. Sur les 50 000 participants, 40 ont développé un cancer de la vessie. Une maladie détectée par l’urine dans 1 cas sur 2. Ce qui est très surprenant, c’est que les mutations génétiques sont parfois visibles bien avant l’apparition des symptômes. - Chez les personnes qui ont développé le cancer pendant le suivi, on aurait pu le détecter chez la plupart jusqu’à 10 ans auparavant. Tous ceux testé positifs avaient des marqueurs dans leurs urines. Détecter précocement, voilà l’avantage du test urinaire. Mais pourra t-il demain être accessible au grand public ? Pour l’heure, la réponse est non. Déceler les mutations génétiques demande encore beaucoup de manipulations. L'espoir est de commercialiser un kit pour mesurer ces biomarqueurs, qui serait réalisé dans des laboratoires de biologie médicale. Ou, si on arrive à simplifier à l'extrême la détection de ces marqueurs, peut-être via des tests facilement réalisables à la maison. Mais là, on en est encore bien loin. Avant de développer massivement ce test, l’équipe veut désormais le valider sur une population bien plus large. À l’infirmerie protestante de Lyon, cet urologue va pratiquer ce test sur des patients guéris lors de leurs examens de contrôle. La grande particularité des cancers de la vessie est qu'ils ont tendance à récidiver. Donc, le gros avantage va être, chez ces patients, d'éviter tous ces examens récurrents, et, à l'aide d'un marqueur dans les urines, de ne réaliser ces examens qu'en cas de positivité du marqueur. Le cancer de la vessie est le 5e le plus fréquent en France avec plus de 16 000 nouveaux cas chaque année.