« Des algues dans nos villes » Voix off : 50 à 70 % de la masse d’oxygène sur terre est produite par les algues et les micro-algues. Les micro-algues sont des micro-organismes qui se développent dans l’eau douce ou l’eau de mer. C’est ce qu’on appelle aussi le phytoplancton. Elles ont la capacité, comme les plantes terrestres, de réaliser la photosynthèse, c’est à dire de transformer le CO2 en oxygène et en biomasse, et ainsi créer de l’énergie à partir de la lumière. La culture des micro-algues est en plein développement. Pourquoi ne pas l’intégrer à nos villes en imaginant des bâtiments beaucoup plus intelligents ? Chercheur 1 : Tous les 10 à 24 h, vous allez avoir une division cellulaire, une cellule mère devient deux cellules filles, et c’est comme cela qu’elles vont se développer. Cela va se répéter ad vitam eternam, tant qu’elles ont des nutriments et de la lumière elles pourront se développer et croître dans leur milieu de culture. Chercheur 2 : X-TU, c’est une agence d’architecture qui s’est intéressée à la culture des micro-algues parce qu’elle s’intéresse avant tout à penser une ville plus durable en associant le vivant à nos villes, à nos habitats urbains. Les façades d’immeuble représentent un potentiel solaire inexploité pour des champs verticaux finalement, pour de l’agriculture verticale, et on peut effectivement y cultiver des micro-algues qui elles ont besoin de beaucoup de soleil pour se développer. Chercheur 1 : Quand X-TU est venu nous voir au laboratoire GEPEA sachant qu’on travaillait sur la culture de micro algues depuis assez longtemps, ils nous ont proposé justement ce projet d’intégrer des cultures d’algues à des bâtiments et là d’un seul coup il fallait penser vertical en milieu urbain. Voix off : Le Laboratoire du GEPEA a donc mis au point un photobioréacteur. Il s’agit d’une sorte d’aquarium où les micro-algues poussent dans une lame d’eau de quelques centimètres d’épaisseur comprise entre deux parois de verre. Cette innovation, appelée biofaçade, permet de mieux bénéficier du rayonnement solaire que dans des bassins. Elle assure une productivité de 2 à 5 fois supérieure. Chercheur 1 : On a d’un côté la culture d’algues qui ont besoin également de C02, un bâtiment va générer du CO2 par exemple par les chaudières et des nutriments qui peuvent être aussi apporter par les effluents liquides du bâtiment, qui ont besoin de lumière, donc sur les façades on a de la lumière. A l’inverse, vous avez un bâtiment qui a aussi des besoins, par exemple, de régulation thermique, de chauffage ou refroidissement. Donc, c’est vraiment l’interaction entre les deux qui est l’originalité majeure et l’innovation majeure du système. Chercheur 2 : Alors effectivement, on est dans une approche totalement métabolique du bâtiment. Il n’y a plus de déchets véritablement. Tout ce qui est émis par le bâtiment, par les humains, par l’activité humaine pourrait être valorisé beaucoup mieux et à ce titre servir effectivement une agriculture d’un nouveau genre. Chercheur 1 : Votre système de culture des micro-algues va devenir intéressant pour l’industrie des micro-algues par rapport à un système classique parce que vous allez pouvoir produire sur toute l’année grâce à la symbiose thermique, vous allez pouvoir diminuer les consommations énergétiques. Chercheur 2 : On peut imaginer une ville du futur totalement différente avec ces systèmes de biofaçades. Une ville qui devient productive, qui produit une biomasse utile pour la santé, la cosmétique, la nutrition. Chercheur 1 : C’est intéressant pour l’alimentation animale par exemple, mais aussi humaine, des compléments alimentaires pour la santé par exemple. On va pouvoir aussi en extraire des produits d’intérêts comme les pigments pour la cosmétique, des anti oxydants, et on va également retrouver à l’intérieur des micro-algues des composés qui vont peut être faire ce qu’on appelle la chimie verte, les molécules de demain, qui vont pouvoir remplacer au fur et à mesure la pétrochimie pour faire, par exemple, des bioplastiques ou des matériaux de ce type là. Chercheur 2 : On sait que dans le monde sur nos bâtiments 50 % des façades ensoleillées ne sont pas valorisées, donc on pourrait imaginer à l’avenir des villes où sur toutes les façades on pourrait cultiver des micro algues. Demain les immeubles de nos villes ne seront pas tous verts même si les micro-algues sont globalement vertes, les couleurs de ces façades vont être changeantes, elles vont évoluer d’un jour sur l’autre en fonction des procédés de culture qu’on va utiliser. Voix off : Les micro-algues sont, dans les océans, l’un des principaux puits de captation du carbone de la planète. Si on développait demain très largement ce système d’algoculture verticale, une biofaçade pourrait capter 3 à 5 fois plus de CO2 que les espaces verts de nos villes !
Réalisation :
Pascal Moret , Jean-Philippe Camborde
Production :
La Belle Société - Universcience - CNRS Images - Inserm - France Télévisions - MNHN - A way to wake up - Ceebios - Ville de Senlis - Biomimicry Europa
Année de production :
2015
Durée :
4min57
Accessibilité :
sous-titres français