Il y a environ 1600 ans, c'était les pas des légionnaires romains qui raisonnaient encore ici. Mais aujourd'hui, c'est plutôt le royaume des moutons. On est au nord de l'Angleterre, au fort romain de Magna, tout près du mythique mur d'Hadrien. En mai 2025, une équipe d'archéologues a mis au jour 32 chaussures romaines en cuir parfaitement conservées dans les fossés humides et pauvres en oxygène du fort. Certaines sont petites, d'autres moyennes avec des modèles pour hommes, femmes, enfants. Mais certaines, hors normes, sont particulièrement intrigantes. Car plusieurs d'entre elles sont grandes, très grandes comme cette semelle de 32,6 cm qui correspond à une pointure 49, un record. Et ce n'est pas un cas isolé. 8 chaussures mesurent 30 cm ou plus, soit une pointure d'au moins 47, alors que la majorité des chaussures retrouvées se situent autour de 38-40. À Magna, ces chaussures hors norme représentent ainsi 25 % des découvertes à comparer au 0,4 % de Vindolanda, l'autre grand fort romain voisin connu pour son exceptionnelle collection de plus de 5000 chaussures romaines, des chaussons pour bébés, aux sandales et bottes militaires. Cela signifie-t-il que les Romains de Magna étaient des géants ou bien qu'ils utilisaient des chaussures plus grandes pour y glisser des chaussettes épaisses en laine ou en lin pour se protéger du froid et de l'humidité du nord de l'Angleterre ? Au risque de vous décevoir, les scientifiques l'ignorent pour l'instant. D'autres investigations sont en cours et les premières réponses sont attendues d'ici la fin de l'année après une datation précise des chaussures. En revanche, cette découverte témoigne de la diversité physique et culturelle des soldats et des populations venus des quatre coins de l'Empire romain, stationnés le long du mur d'Adrien. Le fort Magna a regroupé à certaines périodes des légionnaires de la 2e et 20e légion, mais aussi des Bataves, des Gaulois, des Syriens. Derrière chaque semelle, c'est un lien direct et un témoignage précieux sur le quotidien romain qui refait surface. Mais les archéologues alertent : ces objets fragiles sont aujourd'hui en péril. Préservés pendant deux millénaires dans des sols humides et pauvres en oxygène, ils sont désormais menacés par l'assèchement des terres lié au changement climatique et avec eux, ce sont des pans entiers du passé qui risquent de disparaître.
Réalisation :
Véronique Marsollier , Johanna Pauly
Production :
Universcience
Année de production :
2025
Durée :
2min49
Accessibilité :
sous-titres français